Théâtre ouvert sur le rêve
par Henri Béhar, le 31 août 2014
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Le théâtre de Roger Vitrac est devenu un classique du xxe siècle. Il n’est pas une saison où on ne joue Victor ou Les Enfants au pouvoir. Mais ce chef-d’œuvre de la scène surréaliste n’est pas venu tout seul, et il a été suivi de biens d’autres pièces qui méritent l’attention des amateurs.
Parce que son théâtre est essentiellement physique, exhibant un érotisme chauffé à blanc, mettant sur le même plan le rêve et la vie, montrant leurs rapports réciproques.
Alors que la perspective métaphysique du Symbolisme, par exemple, suppose un drame intemporel, Vitrac s’emploie à dater et situer très précisément chacune de ses pièces dans un contexte historique et social déterminé.
C’est que le Surréalisme, selon lui, est un relevé aussi exact que possible de la réalité sur les plans équivalents et complémentaires du vécu et de l’imaginaire. Les archétypes qu’il développa à partir du fond collectif sont bien le produit d’une époque troublée, qui part d’une guerre mondiale pour en atteindre une seconde. Mais ce n’est pas une raison pour se lamenter, et les formes carnavalesques n’ont pas perdu leurs droits.
Ce théâtre neuf, dont Vitrac est le pionnier, nécessite un langage dramatique nouveau. Exprimant le désir, il fait la part belle à l’automatisme. Mais aussi, il s’attaque au langage de la relation quotidienne, soulignant ses paralogismes, ses absurdités, ses amphibologies, prenant les stéréotypes au pied de la lettre pour mieux les démonter.
Dès lors s’instaure un langage-vérité, esquisse d’une vérité du langage sur quoi devrait se fonder toute relation humaine authentique.
Dans ce sens, la dramaturgie onirique de Vitrac préfigure tout, le théâtre contemporain, d’Eugène Ionesco à Romain Weingarten.
H.B.
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Cet ouvrage sous forme papier est toujours disponible aux Éditions l’Age d’homme.