Dada est un microbe vierge

par Henri Béhar, le 20 février 2009

L’avantage, quand on peut bénéficier d’une retraite active, est qu’il est alors possible de revenir sur ses premiers travaux et d’en examiner la pertinence une cinquantaine d’années après. Deux jeunes chercheurs, Frédérique Toudoire-Surlapierre, professeur à l’université de Limoges, et son frère Nicolas Surlapierre, préparant alors un doctorat en histoire de l’art, m’ont invité à traiter de Dada dans ses rapports avec la psychanalyse dans le cadre d’un colloque à deux volets. « Hypnos. Esthétique, littérature et inconscient ». Le premier volet a eu lieu du 19 au 21 mars 2009 en concomitance avec l’exposition Hypnos dans le cadre du projet « Europe XXL » de la communauté urbaine de Lille. Le second volet a eu lieu à Mulhouse les 18-20 novembre 2010, il a porté plus spécifiquement sur la période 1968-2008, mais je n’y étais pas.

Programme du colloque: consulter ici

COLLOQUE INTERNATIONAL EN 2 VOLETS HYPNOS. ESTHÉTIQUE, LITTÉRATURE ET INCONSCIENT EN EUROPE

Présentation de mon intervention : Communication : « Dada est un microbe vierge, la psychanalyse une maladie dangereuse » Avant le déferlement des thèses sur Dada, j’ai écrit à son propos que « La pratique de l’incohérence a forcé les portes de l’inconscient », appelant donc une approche psychanalytique de la poésie. Pourtant, ce mouvement s’est montré réservé, sinon hostile à l’égard des théories développées par S. Freud. J’envisage par conséquent d’interroger le concept et la pratique de l’incohérence au sein du mouvement Dada, et le jugement qui en est résulté du côté de la psychiatrie. Dans un deuxième temps, j’examinerai les pratiques empruntées à ce domaine par les poètes (écriture automatique, hypnose, récit de rêve). Enfin je tenterai d’expliquer l’hostilité successive de Tristan Tzara et d’André Breton envers Freud et ses disciples. Hostilité d’autant plus paradoxale que la négativité dadaïste a débouché sur de nouveaux domaines poétiques, laissés auparavant en friches.

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Recueil : Hypnos : esthétique, littérature et inconscients en Europe (1900-1968), études réunies et présentées par Frédérique Toudoire-Surlapierre et Nicolas Surlapierre.

Toudoire-Surlapierre, Frédérique (1968-....). Directeur de publication ; Surlapierre, Nicolas (1971-....). Directeur de publication Edité par L'Improviste - 2009

4e de couv. : "Les interventions de ce volume envisagent l'Europe dans sa pluralité et, particulièrement, dans son extension vers l'Est au prisme de la notion d'inconscient. Ses représentations dans la littérature et les arts entre 1900 et 1968 permettent de saisir les enjeux des transformations et évolutions de l'Europe à cette période. Des manifestations aussi diverses que l'hypnose, le rêve, le sommeil, l'extravagance, le loufoque, les bizarreries, les lapsus, les actes manqués ou les jeux de mots sont autant de modes d'expressions qu'artistes, écrivains, penseurs ou musiciens se sont appropriés. Entre mot d'esprit, délire visuel ou inquiétante étrangeté, ces notions théorisées par Sigmund Freud ont fédéré ce que Jung nommera ensuite l'« inconscient européen ». Mon article est aussi accessible dans : H. Béhar, Ondes de choc, nouveaux essais sur l’avant-garde, Lausanne, L’Age d’Homme, 2010, pp. 71-100. Cf. H. Béhar, Ondes de choc (fabula.org)

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