Picasso au miroir d'encre
par Henri Béhar, le 25 février 1993
PASSAGE EN REVUES« PICASSO AU MIROIR D’ENCRE », DANS L’ ARTISTE EN REPRÉSENTATION, TEXTES RÉUNIS PAR RENÉ DÉMORIS. PARIS, ÉDITIONS DESJONQUÈRES, 1993, PP. 199-213.
Au départ, il y a un projet de colloque : L’Artiste en représentation : actes du colloque Paris III-Bologne / organisé par le Centre de recherches littéraires et arts vivants, Université de la Sorbonne nouvelle, 16-17 avril 1991, au cours duquel je présente une contribution quelque peu hasardeuse, puisque j’y parle d’un artiste à travers ses propres écrits, à la différence de toutes les autres interventions. Les actes sont ensuite réunis par René Démoris, Paris, Éditions Desjonquières,1993, 213 p., 22 cm.
L’éditeur procède à un tirage spécifique pour les Actes :
Ce premier tirage accompagne une édition « grand public », où la référence universitaire est supprimée de la page de titre. En voici la présentation :
Depuis la fin de la Renaissance, les peintres ont droit à une histoire. Sacralisé, héroïsé ou maudit, l’artiste donne à rêver, à penser, à parler, à écrire, comme si chacun, à questionner une activité inexplicablement différente, y retrouvait le plus secret de ses fantasmes. Les interrogations sur la personne du peintre, son rapport à l’œuvre, se sont peu à peu étendues aux espaces spécifiques qu’il engendre — celui notamment de l’atelier. Ces réflexions influent à leur tour sur l’image que l’artiste se fait de lui-même. Les diverses analyses réunies dans l’artiste en représentation permettent d’apprécier un peu mieux comment l’univers pictural travaille l’imaginaire de la littérature.
Texte publié auparavant dans : Henri Béhar, Littéruptures, Lausanne, L’Age d’homme, 1988, 256 p. « Bibliothèque Mélusine », pp. 101-112.
Bibliographies sur les arts et la littérature
Dallenbach, Louis, Mosaïques, Paris, Seuil (“Poétique”), 2001.
Cf. Arnaud Maillet, Le miroir d’encre. Images visuelles, images mentales, images littéraires
Lire :
Picasso, écrits, éd. Marie-Laure Bernadacet Christine Piot, traduit de l’espagnol par Albert Bensoussan, Gallimard, 1989, 496 p. 2e édition :
Résumé :
Ce livre présente pour la première fois tous les écrits de Picasso : plus de trois cent quarante textes poétiques et deux pièces de théâtre, écrits en espagnol ou en français entre 1935 et 1959. À part quelques publications en revues ou en volumes, la plupart de ces textes étaient restés inédits. Picasso a toujours entretenu des liens privilégiés avec l’écriture, comme en témoignent l’utilisation des lettres et des mots dans ses œuvres cubistes et ses relations étroites avec les poètes de son temps. Il commence véritablement à écrire en 1935, à un moment de crise dans sa vie privée, qui l’empêche de peindre pendant plusieurs mois. Puis il continue à mener de front peinture et poésie jusqu’en 1941. La guerre et l’après-guerre voient l’apparition de deux pièces de théâtre : Le désir attrapé par la queue, en 1941, et Les quatre petites filles, en 1947-1948. Quelques textes isolés apparaissent encore dans les années cinquante pour aboutir aux derniers textes connus de 1957-1959, publiés sous le titre : L’enterrement du comte d’Orgaz. D’une facture très libre, et pratiquement sans ponctuation, ces textes relèvent pour une large part de l’écriture automatique surréaliste, même s’ils sont souvent retravaillés en plusieurs états ou variations. Ils entretiennent d’étroites correspondances avec la peinture, évoquant les mêmes thèmes (amour et mort, guerre et corrida, crucifixion et minotaure… ). Écrits à l’encre de Chine sur feuilles de papier d’Arches, ils frappent autant par leur contenu que par leur aspect calligraphique. L’ouvrage présente les textes dans l’ordre chronologique, en français, avec les textes originaux en espagnol. Il est abondamment illustré de reproductions des manuscrits qui permettent d’en apprécier les qualités graphiques. Chaque texte est complété d’une notice détaillée décrivant ses divers états, et établissant leurs différences. En annexe figurent les journaux manuscrits (1893-1895), les notations sur l’art et les peintres, et les fragments isolés ou non datés. Picasso peintre et poète : «Après tout les arts ne font qu’un, disait-il, on peut écrire une peinture en mots comme on peut peindre des sensations dans un poème.» La publication de ces écrits, déjà envisagée du vivant de l’auteur, dévoile un aspect méconnu du génie de Picasso, et constitue un apport fondamental à la connaissance de l’œuvre et de l’homme.