MÉLUSINE

Fallait-il fusiller Dada ?

PASSAGE EN REVUES

« Fallait-il fusiller Dada ? » Les Nouveaux Cahiers, n° 5, juin 1966, pp. 29-33.

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Autant que je m’en souvienne, c’est Jacques Lebar (1911-2004), le secrétaire général de la nouvelle revue de l’Alliance Israélite Universelle qui me demanda cet article. Il était en même temps attaché à l’hebdomadaire Le Nouvel Observateur, que Jean Daniel avait lancé sous ce titre en 1964, auquel je collaborais parfois, depuis le début, par des notes anonymes concernant les spectacles et les événements culturels. C’est ainsi que j’avais rendu compte, fin juin 1965, de la soutenance en Sorbonne de la thèse de Michel Sanouillet sur « Dada à Paris » (je lui en avais fourni le titre). Nous étions donc voisins de rubrique, Lebar et moi, sans nous connaître ! Il explique les raisons pour lesquelles il m’avait demandé cet article qui, à première vue, devait détoner dans un organe consacré à la pensée juive. Outre l’intérêt que je portais à Dada, que j’avais manifesté en créant cette Association pour l’étude de Dada, j’avais une raison plus personnelle pour collaborer à cette revue, dans la mesure où mon père avait été l’élève,à Istambul, de l’une des écoles créées par l’Alliance, où il avait appris le français, langue que j’enseignais alors aux étrangers...

La xénophobie, le racisme et l'antisémitisme ont toujours trouvé des prétextes pour se déchaîner. Ce fut le cas lorsque Dada fit son entrée fracassante à Paris au lendemain de la Grande Guerre. Le mouvement Dada naquit il y a exactement un demi-siècle, le 6 février 1916, au café Voltaire, à Zurich. Le poète Tristan Tzara, Roumain, d'origine israélite, en etait un des principaux animateurs. A l'occasion de ce cinquantenaire, nous avons demandé à Henri Béhar, secrétaire de la Revue de l'Association pour l'étude du mouvement Dada, de rappeler comment furent accueillies, par certains éléments bien-pensants de l'opinion française les manifestations d'un non-conformisme virulent qui allait marquer toute une époque.

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« On devrait tous les brûler sur la place publique, f... le feu dans leurs expositions et chambarder leurs séances d'élucubrations malsaines... Les gens qui sont à la tête de ce mouvement Dada sont des marchands de démence, des entrepreneurs de folie / » (1). Ainsi s'exprimait Georges Courteline en 1920, dans un grand quotidien littéraire, à propos du Mouvement Dada, dont tout portait à croire qu'il aurait pu apprécier l'humour, l'esprit novateur et pour le moins anticonformiste. Mais sa réaction est caractéristique de celle d'un grand nombre d'écrivains ou de plumitifs qui, voyant déferler sur Paris un esprit de Terreur, se frappèrent la tempe de l'index droit, le gauche leur servant à indiquer la direction de Charenton. Encore cette réaction est-elle des plus simplistes et la plus inoffensive. La presse que l'on peut consulter pour les années 1920 à 1922, c'est-à-dire depuis l'arrivée de Tristan Tzara a Paris jusqu'à la dernière grande manifestation Dada, le Procès de Maurice Barrès, constitue le plus grand sottisier que jamais mouvement de l'esprit ait provoqué en France et, à ce titre, offre matière à de nombreuses études d'historiens comme de sociologues. Il faut dire que Dada s'installait à Paris avec un passé lourd de conséquences, aux yeux de journalistes portés à se méfier de tout ce qui pouvait venir de l'autre côté de nos frontières. Dada n'était-il pas né à Zurich, en Suisse alémanique, le 8 février 1916, en pleine guerre, comme l'affirmaient ses pères putatifs, Tristan Tzara et Marcel Janco (Roumains), Hugo Ball (Allemand), Hans Arp (Alsacien) ? La Suisse avait beau être neutre, on n'en redoutait pas moins ce qui pouvait semer le trouble dans un clair esprit français. Telle fut d'ailleurs la réaction de Guillaume Apollinaire, favorable a priori à tout ce qui pouvait exprimer du nouveau, à condition qu'il ne pût jeter la suspicion sur ses sentiments patriotiques. A Tzara qui lui proposait de collaborer à la revue Dada, il écrivait, le 6 février 1918 :

« [-] Mais pour ce qui me concerne, je suis quoique soldat et blessé, quoique volontaire, un naturalisé, tenu par conséquent à une grande circonspection. Je crois qu'il pourrait être compromettant pour moi, surtout au point où nous en sommes de cette guerre multiforme, de collaborer à une revue si bon que puisse être son esprit, qui a pour collaborateurs des Allemands, si Ententophiles qu'ils soient... » (2).

Et pourtant, les deux premiers numéros de la revue en question ne contenaient pas de quoi effrayer un lecteur averti. Mais nous devons à la vérité de préciser qu'en ces époques troublées, la censure se méfiait particulièrement des correspondances venues de l'étranger. Ces phrases tronquées, ces variations typographiques dont s'enorgueillissait la revue zurichoise ne contenaient-elles pas un message codé ? Ces « recueils littéraires et artistiques » ne recouvraient-ils pas un moyen de communication entre agents secrets au service des ennemis ? Quelques officiers du deuxième Bureau ne furent pas loin de le penser, et même ils entreprirent une enquête chez Apollinaire, qui pourtant avait été lui-même affecté à la Censure et qui prenait son travail à cœur puisqu'il fit interdire un ouvrage de Louis Delluc jugé défaitiste. Non sans plaisir, Tzara racontait par la suite qu'une scène comique avait eu lieu entre Apollinaire et Reverdy au sujet de ses poèmes !

« ... Le bruit ayant couru à Paris que j'étais « sur la liste noire » (vendu aux Allemands, espion, que sais-je...), Apollinaire et Reverdy qui avaient peur s'accusèrent réciproquement, et dans des termes violents, de m'avoir demandé ma collaboration pour Nord-Sud. Ces bruits furent très probablement lancés par l'Intransigeant... » (3). Somme toute, tout ceci peut être mis sur le compte de l'inquiétude des esprits en temps de guerre. Mais en 1920, l'Allemagne vaincue, on pourrait croire que l'intelligentzia française n'avait plus rien à craindre de l'étranger et qu'elle allait prêter son concours à la tradition d'hospitalité de la France, surtout s'agissant d'un écrivain roumain, donc venant d'un pays ami. On eût tôt fait de déceler, derrière le roulement des R, le « sabir levantin » de Tzara, la présence indirecte et non moins néfaste du Boche. Nous ne pouvons résister au plaisir de citer presque intégralement l'article un peu longuet de Jean Lefranc qui, l'un des premiers, décela le casque à pointe, en rendant compte d'une des plus belles soirées Dada, à la Maison de l'Œuvre, au cours de laquelle le public comme les acteurs improvisés s'en étaient donné à cœur joie : « ...Il semblait que les Français fussent peu nombreux parmi ces initiés. A leur accent, on reconnaissait aisément des nationaux de ce « Proche-Orient » qui se consolent aujourd'hui à Paris de la pénitence que leur imposa la guerre (...] ».

Toutefois, rien n'est spécifiquement roumain ni balkanique dans Dada. Cette muse monstrueuse vient de moins loin. M. Henri Albert, qui n'a pas cessé d'être attentif au mouvement des « Lettres Allemandes » écrivait récemment dans le Mercure : « Si les Allemands avouent qu'ils ont pris en France le mot « expressionnisme », en le détournant de sa signification, ils peuvent, par contre, revendiquer à juste titre la paternité du Dadaïsme. Le Dadaisme a été imaginé en 1917 par des Allemands réfugiés à Zurich pour fuir les multiples désagréments de la guerre, impropres ou insoumis, aux nerfs détraqués, et qui ont voulu revenir à la santé en imitant les balbutiements de la prime enfance. Apollinaire, qui avait le goût de la mystification, s'était amusé de ces excentricités et leur avait donné son appui. Des tentatives récentes pour l'importer en France ont rencontré l'accueil sympathique que nous réservons à tous les novateurs. Pourtant Dadaisme avait quelque chose de trop germanique et de trop pédant pour plaire à nos snobs, épris d'art primitif et de poésie de sentiment. Il a donc fallu modifier la raison sociale. De même que l'« Allgemeine Electricitäts Gesellschaft », quand elle a créé chez nous une filiale, avant la guerre, s'est appelée « Société Française d'Electricité », le Dadaïsme, en s'installant chez nous est devenu le Mouvement Dada... » Puis, au cours de son analyse il sépare les jeunes gens de bonne famille française des « germains » fau- teurs de troubles » : « ... On peut croire en effet qu'ils sont contaminés par des dégénérés allemands. On nous a dit qu'à Berlin, les initiatives les plus honteuses se donnaient libre cours et qu'on y distribuait, par les rues, des pétitions en faveur du « droit au vice ». La décadence intellectuelle est l'un des effets de la guerre. La guerre a fortifié les forts, elle a pu pervertir les pervers et abêtir les sots. Mais les vaincus eux-mêmes se protègent contre ces souffles malsains. Il est singulier de voir qu'en France des jeunes gens les respirent avec satisfaction et qu'il se rencontre des moins jeunes pour les encourager dans cette tentative d'empoisonne- ment. » (4). Rachilde, la chroniqueuse du Mercure de France allait, en jetant son nom dans l'affaire, amplifier et donner plus de poids aux arguments de son collègue. Arguant du fait que les dadaistes adressaient leurs invitations sur du papier mentionnant leurs différents centres d'activité en-tête desquels, par ordre alphabétique, venait Berlin, elle allait dénoncer la machination et inviter ses confrères à manifester leur mépris par un « rire silencieux » : « ... Le Mouvement Dada n'est pas français. Il est né en Suisse de parents allemands quoique neutres. (Preuves à l'appui.) Le mobile de cette machinerie à roue folle est de troubler l'art français — parce que ces misérables-là s'imaginent qu'un corbeau, un seul corbeau peut faire l'hiver en France - et obscurcir notre ciel. » Ce à quoi un autre Dada, Picabia, avait beau jeu de répondre qu'en effet les Allemands s'intéressaient à Dada, comme ils l'avaient fait — fructueusement pour les artistes - pour l'Impressionnisme, le Symbolisme et le Cubisme, alors que les pauvres Français laissaient échapper les plus belles découvertes nées dans leur pays. D'ailleurs, Picabia, Français de naissance, ne fut pas à l'abri des attaques xénophobes puisque le Merle Blanc (notre Minute) titra le 29 janvier 1921 : « Nous demandons qu'on reconduise Picabia à la frontière espagnole. »

On n'en finirait pas de citer les articles du même ordre, reprenant, plus ou moins élégamment, le thème de Rachilde. Cependant, l'extrait suivant mérite une mention particulière, dans la mesure où il émane d'un quotidien au doux titre, Liberté : « ... Le chiendent est que ces pauvres sires sont, pour la plupart, d'indésirables métèques et portent des noms à coucher dehors avec deux billets de logement... » (5). On aura tôt fait de reconnaitre derrière ces belles épithètes de « météque » , « rastaquouère », etc., le chauvinisme, le traditionalisme, l'antisémitisme, latent, autant de passions du Français auxquelles Dada servait joyeusement du bouc-émissaire. Car bien sûr, pendant que les dadas exerçaient leur folie, il y avait pénurie de papier, pendant qu'ils se livraient en public à leurs facéties, de jeunes auteurs de talent allaient mourir de faim, des étudiants allaient abandonner leurs études, et les dadas, eux, avaient l'audace de mettre en procès Maurice Barrés, un écrivain si français, et de le condamner ! Ils poussaient l'insolence jusqu'à bafouer le Soldat Inconnu. Allons, il était temps que les bons poilus allassent leur donner une bonne correction !

Lénine, cet Attila...

Comme en Amérique récemment le Mac-carthysme fit la chasse aux « unamerican ideas », on se mit bientôt à démontrer que la destruction dadaiste partait d'une conception étrangère, sinon même bolcheviste, et qui, en tout cas, était faite pour réjouir les Allemands : « De telles pensées ne sont pas françaises. Notre esprit clair et logique, notre tempérament constructif ne sauraient les enfanter, et il ne saura pas davantage s'en accommoder. La théorie de la table rase est nihiliste : c'est une théorie d'Asiatique et non d'Européen. C'est la haine de notre civilisation, c'est l'horreur du Barbare d'autrefois pour la culture grecque... » (6).

Ne battez pas la campagne pour rappeler vos souvenirs scolaires sur les invasions d'Attila, ici l'allusion est claire, au moment où les bolchevistes prennent le pouvoir en Russie ! Marcel Boulanger, qui, au début, avait conseillé d'envoyer les Dadas prêcher leur religion en Inde, avait vite compris qu'il ne s'agissait plus de plaisanter. La traditionnelle logique française, l'universalité de notre langue, son • génie », le rayonnement de notre pays, son empire intellectuel, sa mesure, son bon goût, tout cela était bousculé, détruit, au profit d'une idéologie bien connue depuis Marx : « ... Et c'est l'indigne volupté du bouleversement et de l'anarchie qui se dissimule sous ces masques, bariolés de fous. Comme à Pétrograde (sic), comme à Moscou, comme à Berlin, dans les bas-fonds. « Une offensive brusquée du désordre contre l'ordre, voilà le Mouvement Dada. Qu'on juge si les bolchevistes de l'Est, et aussi les fameux énergumènes d'Allemagne doivent pousser des « Hoch... » enthousiastes, quand ils voient la fleur de Paris se presser aux spectacles et manifestations diverses organisés par ces nouveaux Vandales, Scythes, Goths et Alamans... » (7).

Enfin la grande peur de tout ce qui est nouveau, de tout ce qui dépasse ou bouleverse les valeurs établies. s'emparalt des chroniqueurs, d'autant plus que les bruits les plus horribles couraient sur la Révolution spartakiste à Berlin, sovietique à Moscou. Et l'on savait qu'effectivement des dadaistes berlinois faisaient le coup de feu dans la capitale allemande, que Lénine avait séjourné à Zurich en même temps que Tzara, dans la rue même où Dada avait établi ses quartiers, au fameux Cabaret Voltaire. Lier les révolutions esthétiques aux événements sociaux devenait donc une nécessité :

« Croyez bien que Lénine et Trotsky ne sont pas des admirateurs de Bouguereau, ni des lecteurs de René Bazin. Wells déclare que l'art officiel, en Russie, est futuriste. Il n'en peut être autrement. C'est parce que Lénine et ses compagnons ont vu, comme vous, nos peintures de fauves, ont lu nos livres de fauves que le olus grand empire du monde s'écroule à présent sous l'assaut de quelques fauves... » (8).

Mais toutes ces tentatives d'explication ne rendaient pas compte du ferment le plus pernicieux, à l'origine de toute révolution Intellectuelle : l'esprit juif. A la suite d'André Gide, plusieurs allaient sy employer. Celui-ci ne signalait-il pas, dans une étude ironique mais assez favorable à Dada, quelques-unes des tares de son géniteur : « ... On me dit qu'il est étranger — je m'en persuade aisément -. Juif - j'allais le dire. « On me dit qu'il ne signe pas de son vrai nom ; et volontiers je croirai que Dada n'est de même qu'un pseudonyme... • (9). C'est après avoir lu ces lignes perfides que Picabia écrivait : « Si vous lisez Gide tout haut pendant dix minutes, vous sentirez mauvais de la bouche. » La palme de l'imbécillité revient, sans conteste possible, au chroniqueur de la Libre parole (oh ! Ironie des titres) qui se paya le luxe de tomber dans un piège monté à dessein par une revue d'avant-garde, la Revue de l'époque, laquelle, reprenant une enquête récente sur le sujet de savoir s'll fallait brûler le Louvre, demanda à ses lecteurs s'il fallait fusiller les dadaistes. Tous les écrivains célèbres qui y répondirent avaient compris l'arrière-pensée humoristique des enquêteurs, sauf l'inénarrable Jean Drault : « ...D'après René Benjamin qui a écrit, dans le Figaro, un article que ne désavouerait pas Urbain Gohier, il serait beaucoup plus urgent de brûler la Sorbonne que le Louvre et avec elle certains sorbonnards qui s'y font les complices des pires ennemis de la France : Seignobos, Aulard, le Juif Victor Basch et certains autres « cuistres-types » (l'expression est de René Benjamin). « (...] le grand maitre du Dadaisme c'est en réalité le juif Bronstein, dit Trotsky. C'est pour cela que je ré- serve mon opinion au sujet de ce qui attend les Dadaistes. Trotsky finira-t-il fusillé ou pendu ? Les disciples doivent suivre le sort du maitre... » (10).

Bien qu'inadmissibles, de telles opinions, de telles incitations au crime peuvent s'expliquer par l'aveuglement, l'ignorance ou l'incompréhension de leurs auteurs. Tel n'était pas le cas pour l'un des dadaistes dont nous voulons parler maintenant .C'est au début de 1922 qu'André Breton, las sans doute de voir Dada s'enfermer dans une répétition mécanique des mêmes scandales, provoqua la constitution d'un « Congrès pour la détermination des directives et la défense de l'Esprit Moderne », où devaient se rencontrer les représentants des diverses tendances de l'avant-garde. Tzara y fut donc invité, mais il avait pris soin, depuis la naissance de Dada, de declarer « Dada n'est pas moderne », c'est-à-dire que Dada ne devait pas s'identifier à un quelconque mouvement littéraire, classable comme tous les autres, après usage. Très amicalement, Tzara se récusa. Breton, comprenant alors que son initiative allait échouer en l'absence de Dada, fit approuver par le Comité organisateur du Congrès un communiqué de presse où les signataires mettaient « l'opinion en garde contre les agissements d'un personnage connu pour le promoteur d'un « mouvement » venu de Zurich »... Breton a reconnu, par la suite, la formulation « fâcheusement équivoque » (11) de cette phrase, et c'est le moins qu'on puisse dire. Toute l'attitude du fondateur du Surréalisme dément les accusations de « nationalisme » et de « xénophobie » qui lui ont été portées par Tzara et ses amis. Même si l'interprétation qui en a été donnée n'a tendu qu'à faire échouer le projet de Congrès, on reconnaitra cependant que cette expression mettait en évidence des sentiments profonds que l'éducation et la formation intellectuelle tentent de refouler chez la plupart des Français. Mais il suffit d'un léger état d'énervement pour que nous nous laissions aller, malgré nous, à des mots qui dépassent notre pensée, sans doute, mais qui n'en sont pas moins significatifs ! Quelle que soit l'estime que l'on porte au Mouvement Dada, on ne peut nier que l'état d'exaspération qu'il a suscité durant sa courte existence à Paris, a révélé la nature exacte de certains Français. D'un côté nous avons pu voir la mesquinerie d'un André Gide, la bêtise congénitale d'un certain nombre de journalistes : mais par ailleurs, des auteurs lucides comme Georges Casella, Henri Bidou, Jacques-Emile Blanche et surtout Jacques Rivière ont pu montrer toute la noblesse de leur pensée. Et c'est leur voix qui, tout bien pesé, comptera pour la postérité.

Henri BEHAR.

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Lire : Henri Béhar, Etude sur le théâtre dada et surréaliste, Gallimard, Les Essais, 1967 :

Michel Sanouillet, Dada à Paris, Pauvert, 1965, dernière édition : CNRSn, 2005.

Henri Béhar, Catherine Dufour, Dada, circuit total, L’Age d’Homme, 2005.


(1) G. Courteline. Entretien avec d'Esparbès (Comoedia). (2) Apollinaire. Lettre à T. Tzara, citée dans les dossiers Guillaume Apollinaire 1964, Paris, Minard, p. 9 A(3) Lettre de T. Tzara a J. Doucet, conservée à la Bibliothèque lịttéraire Jacques Doucet, reproduite in : Michel Sanouillet, Dada à Paris, 1965, p. 570 (4) Jean Lefranc. La crise Dada (Comœdia illustré, 30 novembre 1920). (5) Anonyme, Liberte, 19 mai 1920. Est-ce l'efret de la paupérisation? Mon adjudant parlait, lui, d'un seul billet. (6) Maurice Schwob. « Le : Dada du boche, cheval de Troie moderne », Le Phure (de Nantes), 26 avril 1920. (7) Marcel Boulanger, "Herr Dada", Le Gaulois, 26 avril 1920. (8) Anonyme. "La grande folie". Figaro, 28 janvier 1921 (9) André Gide. "Dada", N.R.F, 1er avril 1920, p. 177
(10) Jean Drault. "Faut-il brûler l'un et fusiller les autres ?" La libre parole, 3 mars 1921. (11) André Breton, Entretiens, Gallimard 1952, p.70.


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