Marie-Christine Brière : Hurlevent
Une anthologie autour de Cordes, du surréalisme et du féminisme
par Françoise Py
6 janvier 2023
Marie-Christine BRIÈRE : HURLEVENT. Une anthologie autour de Cordes, du surréalisme et du féminisme
80 pages. Avec six photos couleur originales de Ludwig Raynal prises à Cordes ou dans les environs de Cordes, deux photos noir et blanc des archives de l’auteure et la reproduction d’une aquarelle de sa main.
Ce recueil de poèmes — allant de 1965 à 2017 — choisis par Françoise Armengaud parmi les ouvrages publiés de Marie-Christine Brière (1941-2017) et parmi ses archives doit son titre à la maison familiale de Hurlevent à Cordes. Maison de vacances aimée qu’il a fallu quitter. Dans un poème intitulé « Ne vendez pas la maison », la poète écrivait :
Adieu la maison familiale, les étoiles qui risquent
leurs pointes sur le puech bourré d’aluminium
d’où les corneilles en colonies échappent des pruniers.
Mettez du sel pour les conteurs surgis des deux rives […]
Mettez du sel, il nous faudra traverser les Ténèbres.
On comprend que Jean Breton ait affirmé naguère que la poésie de Marie-Christine Brière « est un mélange de réalisme autobiographique, baroque et de surréalisme par l’image déferlante, dépaysante, à bout portant ». Citons encore à ce titre un poème extrait du Romancero contraire, publication posthume dans l’ouvrage Du rouge à peine aux âmes, consacré par Françoise Armengaud à la poésie de Marie-Christine Brière chez qui Christophe Dauphin décèle un remarquable don d’observation des annonces du réel, « que la poétesse sait élever au Merveilleux, dans la magie des jours heureux ordinaires ». Ainsi dans l’une des plus belles strophes de ce très long poème Romancero contraire :
C’était parfois les cinq heures les cinq doigts
de la main royale du midi occitan
les cinq châteaux de lumière en sandales
toucher c’est comme dire
dire c’est toucher des cinq doigts
et parler découvre, défait la pudeur
infuse du désir, a le goût du corps spirituel.