MÉLUSINE

Jean-Claude Diamant-Berger (1920-1944)

Biographie

Né le 7 mars 1920 à Paris, il fait ses études au Lycée Montaigne et au Lycée Louis-Le Grand (bachelier et diplômé de l'École de Photographie). Très jeune, il était habité par ce qu'il appellera lui-même « des coups de passion verbale, des désespoirs à la René et des admirations fébriles. » Mais toujours ces rêves et ces délires, il les décrit, il les écrit- car sa passion la plus dévorante, c'est l'écriture.

Il était tout imprégné de LAUTREAMONT, GERARD DE NERVAL, RIMBAUD . Il rencontre un groupe de jeunes adeptes d'ANDRE BRETON. Il en est ébloui, retenant du surréalisme la définition « d'une poésie qui changerait le rêve en action » .

Homme de gauche, pacifiste, le 25 mai 1940, il est arrêté par la police française pour avoir distribué des tracts pacifistes et pour son appartenance à la IVème Internationale. Le 10 juin au moment de l'évacuation de la prison de la Santé il s'évade et réussit à rejoindre la zone libre le 15 Septembre - Arrivé dans le midi, mobilisable, il est affecté aux Chantiers de la Jeunesse. Il est démobilisé en janvier 1941 et réussit à quitter la France en septembre 1941. Le 21 juillet 1942 il arrive à Londres où il est envoyé à l'École des Cadets de la France Libre (équivalent de St Cyr). En 1943, à la sortie de l'Ecole des Cadets de la France Libre, il devient aspirant parachutiste (promotion Fezzan Tunisie) et fait [ texte manquant ]. En 1944, il arrive à Bayeux, où il est affecté au service photo-presse-cinéma et photographie pour la célébration du 14 juillet à Caen.

Le 18 juillet ou 24 juillet 1944 (date incertaine), c'est en mission sur les bords de l'Orne qu'il est tué.

Il est enterré au cimetière britannique de Ranville.- Il a son nom au Panthéon sur la plaque dédiée aux poètes morts au champ d'honneur et une stèle au Jardin des Poètes Porte d'Auteuil Paris.

En sa qualité de parachutiste, 3ème Bataillon SAS-3ème R.C.P, son nom figure sur le mémorial SAS à Sennecey Le Grand près de Chalons sur Saone depuis septembre 2002.

Poète surréaliste, il est membre de plusieurs revues : "Réverbères" (1938-1939), de la "FIARI" (1939), de "La Main à plume" (1941-1944).

Bibliographie

poèmes, fascicule préfacé par Raymond Aron, publié à Londres, 1944
Poèmes, L'Eternelle revue - Eluard, 1945 (intervention collective)
La Résistance et ses poètes France 1940-1945 Éditions Pierre Seghers
Poèmes d'Éverlor, Pierre Seghers, 1951
Coloriage en l'honneur de Federico Garcia Lorca mort, GLM, 1971 -Intervention collective

Revues :

Les Réverbères (1938-1939), Clé (1939).
Expositions collectives : Les Réverbères (cat., 1938)
Livre : Poète oublié, ami inconnu, Édition Glyphe & Biotem, avril 2004

Extrait :

DE L'AUTRE CÔTÉ DE L'HISTOIRE

Me voici, sorti de l'enfance encore ébloui du baptême
et ne sachant rien que de mémoire et je me regarde en pleurant
Nu devant ma vie et dans les mains quelques prières
et seul mes richesses où sont-elles ? je me souviens de mes parents
de mon pays, de mes amis, des anciennes chansons de mon âme
ils errent par là-bas de l'autre côté de l'histoire
et je suis seul et je regarde l'océan près de moi le vent comme
une monture
soupire et s'impatiente et doucement je le caresse
et le soleil en face se lève fil à fil
comme une araignée dans les murs et son ventre jaune respire.
Je vais chanter tout d'un trait sur le siècle
et leur déverser d'un grand coup ces paroles qui me brûlent
et qui se tordent dans ma poitrine comme les arbres de
l'automne
que le vent relève il les tire tête en arrière
et leur tranche la gorge ; dans les rivières lourdes comme des
chrysanthèmes
leur sang tombe en goutte de fer
Comment retenir ces poèmes et qui me prêtera les mains de
Phébus
qui retient les chevaux ivres du soleil et qui les tord sur
eux-mêmes et les fait rentrer dans leur antre
tandis que la mère tremble comme une femme et que les
oiseaux de l'automne
frémissent dans les feuilles comme le miel des abeilles
dans la cire.

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