Sexe(s) exquis sans dessus (ni) dessous : érotisme surréaliste
Je ne voulais pas prendre la parole aujourd’hui, et je le fais tout simplement par amitié pour votre groupe d’études. En effet, on m’a déjà demandé de faire une conférence sur « l’érotisme dans le surréalisme » en juin, dans un colloque à Tenerife, et je ne me sentais pas disposé à parler deux fois de suite de la même chose. Mais j’ai cru comprendre que vous aviez envie d’avoir le point de vue d’un dinosaure du surréalisme... Comme je suis un des derniers qui restent, je vais vous faire quelques réflexions générales sur le sujet qui nous réunit.
En examinant votre programme, je m’aperçois qu’il y manque quelque chose. Vous avez choisi de traiter de « l’érotisme surréaliste » en vous concentrant sur deux femmes, remarquables je l’admets, et sur un peintre, également très significatif. Mais vous ne pouvez pas espérer, à partir de ces trois cas, déterminer « l’érotisme surréaliste » dans son ensemble ; vous ne pouvez pas non plus situer chacun d’eux dans l’expérience collective du surréalisme. Claude Cahun, avant la guerre, s’exprimait dans une ambiance théorique différente de Joyce Mansour, après la guerre. Pour bien apprécier « l’érotisme surréaliste », il faut au préalable connaître son historique. Au fond, cela consiste à éclaircir ces questions: qui, dans le surréalisme, a parlé de l’érotisme? Quand et comment en a-t-on parlé? Quelle influence les œuvres de ce genre ont eu sur l’évolution du mouvement? Voilà ce que je vais essayer de vous dire en quart d’heure, car il suffit de vous souligner les points forts de cette activité.
Je commence par un paradoxe. L’érotisme n’a pas été une valeur revendiquée par le surréalisme à ses débuts. La preuve: jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale on ne trouve le mot érotisme que quatre fois seulement dans les écrits surréalistes. Si une cinquième ou une sixième fois m’a échappé, ce n’est pas dans les textes officiels. Quatre fois: en les analysant devant vous, je suis certain de vous faire comprendre que cette notion a été acquise peu à peu, au lieu d’être une notion fondatrice.
La première fois, c’est en juillet 1923 - donc un an avant la fondation du surréalisme - quand Robert Desnos se voit commander, par le couturier Jacques Doucet, un plan d’achats pour se constituer une bibliothèque érotique. Desnos lui établit cette liste dans un court mémoire qu’il intitule De l’érotisme dans ses manifestations écrites et du point de vue de l’esprit moderne. Le titre, par lui-même est un manifeste, puisqu’il fait de l’érotisme une expression de l’esprit moderne. En vérité, les aperçus de Desnos sur la littérature érotique sont faibles ; il a puisé ses connaissances dans les articles d’Apollinaire, mais il n’a pas comme Apollinaire étudié les livres de l’Enfer de la Bibliothèque Nationale. Ce qu’il y a de plus intéressant, ce sont ses premières pages. Desnos s’indigne de la définition du Petit Larousse: « Érotisme, terme médical. - Amour maladif. » Il lui oppose sa propre définition: selon lui, l’érotisme, c’est tout ce qui provoque à l’amour et l’exalte. Il précise que l’érotisme en littérature n’est qu’un à-peu-près: un écrivain n’a de mérite que s’il crée une érotique, c’est-à-dire une science du plaisir amoureux. Enfin, Desnos fait les distinctions nécessaires en définissant aussi l’obscénité, la pornographie et la scatologie.
Tout cela est très bien, mais n’a eu qu’un seul lecteur: Jacques Doucet lui-même. Le mémoire est resté enfoui dans ses archives, avec les autres travaux de Desnos pour lui. Les amis de Desnos ne l’ont pas lu - d’autant plus qu’il l’a rédigé en août 1923 à Paris, quand ils étaient en vacances: Aragon chez son oncle à Commercy, Breton chez ses parents à Lorient. En septembre, Desnos a compté ce mémoire sur l’érotisme parmi ses écrits alimentaires qu’il oubliait après les avoir faits. Je n’ai pas vu dans ses œuvres complètes qu’il s’y soit référé par la suite, pas même au moment ou il publia La liberté ou l’amour, qui correspond à ses principes.
Après le Manifeste du surréalisme en 1924, et pendant les années de La Révolution surréaliste, le mot érotisme ne figure nulle part. Et pourtant, Aragon publie sous le manteau Le Con d’Irène ; mais il ne le considère pas comme un roman érotique. C’est la partie qu’il garde du roman La Défense de l’infini qu’il vient de détruire, qui avait pour but de décrire la société comme un vaste bordel. À ce moment, Aragon écrit également la préface des Onze mille verges d’Apollinaire, en disant : "Je ne considère pas ce livre comme un livre érotique, expression mauvaise... C’est un jeu... où toute l’habileté d’Apollinaire et sa connaissance d’une certaine vulgarité troublante dont la meilleure expression est la carte postale, se font jour." La même année que Le Con d’Irène, en 1928, Benjamin Péret veut publier Les Couilles enragées, avec un frontispice d’Yves Tanguy ; mais les épreuves imprimées du livre sont saisies par la police, et Les Couilles enragées, devenues Les Rouilles encagées seront publiées par Éric Losfeld en 1954. Or Benjamin Péret n’ a pas voulu faire un roman érotique avec Les Couilles enragées : il a appliqué l’écriture automatique à l’obscénité, ce qu’il jugeait plus subversif.
On a une explication de l’absence du mot érotisme à cette époque dans le n° 11 de La Révolution surréaliste, en décembre 1928, où sont publiés deux entretiens des Recherches sur la sexualité. Vous vous souvenez que dans ces entretiens Breton, Queneau, Prévert, Péret, Tanguy et bien d’autres discutent de la masturbation, des rapports sexuels, de l’orgasme et des perversions en toute liberté. Et cela ne s’intitule pas Recherches sur l’érotisme, mais Recherches sur la sexualité. Voilà la clé du mystère. Le mot nouveau, le mot fort au début du surréalisme, c’est sexualité, qui vient de la psychanalyse, et a même fait scandale quand Freud a publié ses Trois essais sur une théorie de la sexualité. Les poètes romantiques et symbolistes n’ont pas parlé de la sexualité ; les poètes surréalistes ont conscience de les dépasser en en parlant. Lorsque Maurice Heine, en 1931, édite Les 120 journées de Sodome de Sade d’après le manuscrit appartenant au vicomte de Noailles, il ne parle pas d’érotisme mais de sexualité à son propos. Il fait même de Sade le précurseur de la sexologie.
La deuxième fois que le mot érotisme apparaît, c’est en décembre 1931, dans la revue Le Surréalisme au service de la révolution, où René Char invoque « les statuts de l’érotisme » (les statuts, c’est-à-dire les lois réglant une association). Dans son texte L’Esprit poétique, il répète quatre fois cette expression comme un leitmotiv, en l’accompagnant chaque fois de formules suggestives. « Les statuts de l’érotisme. Apprends-moi à tuer, je t’apprendrai à jouir. - Les statuts de l’érotisme. - Les longues promenades silencieuses à deux, la nuit, à travers la campagne déserte, en compagnie de la panthère somnambule, terreur des maçons. » etc.
Toutefois ce texte superbe de René Char n’eut pas d’autre influence que d’apprendre le mot érotisme à Salvador Dali qui, dans ce même numéro invite les surréalistes à faire des « objets à fonctionnement symbolique », réalisant, selon ses termes, « des fantaisies et désirs érotiques nettement caractérisés ». Mais c’est seulement dans le numéro 5 de la revue, en mai 1933, que Salvador Dali écrit le mot érotisme, dans son article sur les Objets psycho-atmosphérique-anamorphiques, qui est d’une grande bouffonnerie, puisqu’il y parle du « cannibalisme d’objets » (le désir pervers qu’on a de manger certains objets). Dali écrit: « L’objet surréaliste, nous l’avons vu, dès ses débuts, agir et devenir, sous le signe de l’érotisme, et tout comme il en est de l’objet d’amour, après avoir voulu l’actionner, nous avons voulu le manger. » Pour Dali, la notion d’érotisme est liée à la fabrication d’objets, comme son Veston aphrodisiaque, veston auquel il attacha des fioles de peppermint. Il ne parlera pas d’érotisme dans ses articles de Minotaure, tel celui sur « le sex-appeal spectral ».
André Breton, dans L’Amour fou, en 1937, ne parle pas encore de l’érotisme, bien qu’il y fasse un éloge lyrique du désir. Il se borne à invoquer « l’érotique-voilé », non comme un excitant à l’amour, mais comme une condition de la « beauté convulsive ». La quatrième fois où l’on nomme bien haut l’érotisme sera décisive: c’est en janvier 1938, à l’occasion de l’Exposition Internationale du Surréalisme de Paris, Galerie des Beaux-Arts. Le catalogue est un Dictionnaire abrégé du surréalisme, écrit par André Breton et Paul Éluard ; le manuscrit montre que les deux tiers sont de la main de Breton, l’autre tiers de celle d’Éluard. Les deux poètes ont réuni là tous les mots qui sont essentiels pour le surréalisme, et les ont définis par des citations tirées de textes surréalistes. Quand les citations manquent, ils se servent du jeu des questions et réponses. Dans ce jeu à deux, l’un des joueurs note une question dans un cahier, et son partenaire note la réponse dans un autre, sans connaître cette question. En 1928, Suzanne Muzard demanda : « Qu’est-ce que la lune ? » et André Breton, sans savoir ce qu’elle demandait, répondit : « C’est un merveilleux vitrier. » En 1934, Breton demande à Giacometti : « Qu’est-ce que l’art ? » et Giacometti répond au hasard : « C’est une coquille blanche dans une cuvette d’eau. » C’est pourquoi, dans le Dictionnaire, au mot LUNE, on donne cette définition : « Merveilleux vitrier » et au mot ART : « Coquille blanche dans une cuvette d’eau. »
D’autres définitions viendront de ce jeu: « Tentation : Pommier fleuri qui se répète à l’infini » ; « Viol: Amour de la vitesse. » On a cru que « Viol, amour de la vitesse » était un trait d’esprit volontaire. Non, c’est une image involontaire due au hasard. Un proverbe dit que le hasard fait bien les choses. Pour les surréalistes, le hasard écrit bien les choses.
C’est ainsi que dans le Dictionnaire abrégé du surréalisme, on lit : « Érotisme: Cérémonie fastueuse dans un souterrain. » Quatorze ans après la fondation du surréalisme, on inscrit l’érotisme parmi ses valeurs fondamentales. Et on en donne une définition admirable, d’autant plus qu’elle n’est pas concertée, qu’elle provient du jeu des questions et réponses, comme si c’était un oracle rendu par le destin.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, il n’y aura pas de recours à l’érotisme, ni en théorie ni en pratique littéraire et artistique, pas plus chez les surréalistes de la revue VVV à New York que chez ceux de la Main à Plume à Paris. Mais dans Arcane 17, André Breton expose sa conception de la femme-enfant, qui correspond à une érotique, au sens où l’entendait Desnos. C’est l’amour qu’il faut mettre au-dessus de tout, dit Breton, en précisant: « l’amour réciproque, qui conditionne l’aimantation totale, sur quoi rien ne peut avoir prise, qui fait que la chair est soleil et empreinte splendide à la chair. »
Après la guerre, à l’Exposition Internationale du Surréalisme de 1947 chez Maeght, Marcel Duchamp conçut pour le catalogue une couverture faite d’un faux sein de femme en caoutchouc mousse. Il écrivit de New York une lettre où il disait : « Faire peindre en rose les seins, mais je me réserve les tétons. » Tous les tétons furent coloriés délicatement en rouge par Duchamp lui-même. Ce fut la part de l’érotisme dans cette Exposition, comme l’autel à Léonie Aubois d’Ashby que composa Breton avec une ferveur singulière.
La première fois qu’on évoqua l’érotisme dans l’après-guerre, ce fut dans le numéro 1 de Néon, en janvier 1948. Et là, je m’excuse de le dire, mais c’est une vérité historique, c’est moi qui l’ai fait dans mon manifeste L’Économie poétique, où je dis qu’il faut opposer l’érotisme dialectique au matérialisme dialectique des marxistes. Les mots érotisme dialectique, en grandes capitales, suscitèrent l’irritation de la vieille garde surréaliste, Marcel Jean, Henri Pastoureau, qui n’osèrent pas m’attaquer parce que Breton avait confiance en moi. C’est avec Claude Tarnaud exclusivement que je discutais de l’érotisme dialectique, qui devait être une nouvelle forme de la pensée philosophique expliquant tout par le dynamisme des sexes.
Quand j’ai quitté le groupe surréaliste avec Victor Brauner et quelques autres, je n’ai pas vu d’allusion à l’érotisme dans les revues suivantes, Médium, Bief, Le Surréalisme même. Le 16 mai 1950, dans Combat, Francis Dumont demanda à André Breton : « Qu’attendez-vous aujourd’hui de l’ésotérisme? » Il ne lui demanda pas : « Qu’attendez-vous de l’érotisme? » car à ce moment-là André Breton n’en attendait rien. Au contraire, il attendait beaucoup de l’ésotérisme. Quoi? Je le cite : « Il frappe de dérision le matérialisme historique érigé en système de connaissance. »
En 1957, il se produit un coup de théâtre dans l’histoire de la pensée moderne: Georges Bataille publie son livre L’Érotisme. C’est un titre-choc, car à cette époque le mot était extrêmement décrié. Il servait à flétrir une littérature qui outrageait les bonnes mœurs, comme on disait alors, et à dénoncer de basses débauches. Moi-même, qui venais de publier mon premier livre, et qui préparais Les Libérateurs de l’amour, je fus sidéré de cette audace. Non seulement Bataille affiche l’Érotisme sur sa couverture, mais encore il l’anoblit par l’usage qu’il en fait. Il ne l’associe pas à la littérature, mais à une philosophie des rapports sexuels. Tout ce que les surréalistes avaient autrefois étudié dans leurs Recherches sur la sexualité, il l’appelle désormais Érotisme. Il dit au début de son chapitre I : « L’érotisme est l’un des aspects de la vie intérieure de l’homme. Nous nous y trompons parce qu’il cherche sans cesse au dehors un objet du désir. Mais cet objet répond à l’intériorité du désir. » C’est d’une nouveauté bouleversante, comme la distinction qu’il fait entre l’érotisme des corps, l’érotisme des cœurs et l’érotisme spirituel.
Pour soutenir son action, Georges Bataille voulut fonder une revue, Genèse, qu’il a définie ainsi : « une revue entièrement consacrée à la sexualité et à l’érotisme ». Le rédacteur en chef devait être Patrick Waldberg, un surréaliste dissident ; Henri Michaux et Samuel Beckett avaient promis leur collaboration. Mais l’éditeur Maurice Girodias, chargé de réaliser ce projet, y renonça le 6 décembre 1958. C’est alors qu’André Breton, qui a déclaré que le livre de Bataille est « un signe des temps », décide d’organiser l’Exposition Internationale du Surréalisme de décembre 1959-février 196O chez Daniel Cordier sur le thème de l’Érotisme.
Jamais cette Exposition n’aurait eu lieu si Georges Bataille n’avait pas publié L’Érotisme. Jamais non plus le livre de Bataille n’aurait suffi à imposer l’érotisme comme la valeur moderne du siècle, si Breton ne lui avait pas donné ce prolongement éclatant. L’accord entre ces deux hommes qui se sont combattus à propos de la politique et de la mystique est total sur le concept de l’érotisme. C’est là un fait mémorable.
André Breton préfaça l’exposition en disant : « La conception surréaliste de l’érotisme proscrit d’emblée tout ce qui peut être de l’ordre de la gaudriole. » La porte en forme de vagin, la salle utérine au plafond rose palpitant, le couloir où l’on entendait des soupirs, la Chambre aux Fétiches, la pièce où avait lieu un Festin cannibale conçu par Meret Oppenheim, étaient réalisés pour que le spectateur ait « une liaison organique » - ce fut le terme employé - avec les œuvres exposées. Le catalogue fut un Lexique succinct de l’érotisme, réponse collective des surréalistes aux théories de Georges Bataille. Ce lexique, évoquant des thèmes de l’époque - Marilyn Monroe, Lolita, la vamp, la surprise-partie - , des écrivains et des artistes érotiques à honorer, n’est pas aussi ludique que le Dictionnaire abrégé du surréalisme. Certaines définitions sont longues et même pédantes, comme celles de José Pierre pour Étreinte et de Gérard Legrand pour Perversion. La définition de Poil par André Pieyre de Mandiargues est à la limite du ridicule. Les meilleures surprises viennent de Mimi Parent qui définit Masturbation : « La main au service de l’imagination » et de Marianne van Hirtum qui a rédigé Orgasme et Vice. André Breton y a donné cette définition de Scabreux : « Ce qui côtoie tout au long le précipice, l’évitant de justesse pour en entretenir le vertige. »
Dès lors, le scabreux devient la valeur maîtresse de l’érotisme surréaliste. En 1961 Breton dira, à propos de la peinture de Max-Walter Svanberg : « J’ai toujours pensé pour ma part qu’un certain scabreux, circonscrit au plan érotique, dont nous nous extasions dans certains rêves au point d’en garder la plus cruelle nostalgie, est tout ce qui a pu donner à l’homme l’idée des paradis. »
Dans les années 60, les surréalistes se réclameront ouvertement de l’érotisme, ce qu’ils ne faisaient pas auparavant. Ils se mettent en concurrence avec Georges Bataille, qui prépare Les larmes d’Éros, où il dit : « Le sens de l’érotisme échappe à quiconque n’en voit pas le sens religieux. » Bataille souhaitait faire une conférence à la sortie de son livre, où il traitait de « la volupté dans les larmes », et écrivit à Lo Duca : « Au sujet de cette conférence, je chercherai à m’entendre avec André Breton. » Mais Bataille devint trop malade pour exécuter ce projet. Le dialogue avec Breton qui disait : « Tout n’est pas nécessairement si noir que le veut Bataille », aurait marqué leurs affinités et leurs différences. Breton, à la fin de sa vie était partisan de l’initiation en érotisme, comme il le dit le 10 décembre 1964 dans le Nouvel Observateur à Guy Dumur. Il proteste contre l’éducation sexuelle à l’école en ces termes : « On a arraché le voile et ainsi profané, faute des précautions requises, le lieu où se tissent les rêves. »
Nous arrivons à la constatation suivante : l’évolution de l’érotisme surréaliste s’est faite en deux mouvements. Dans le premier mouvement, qui a abouti à l’exposition de 1938, l’amour et la sexualité firent l’objet d’une mise en question permanente, et de diverses tentatives d’exaltation de l’un par l’autre. Dans le second mouvement, qui a pour moment extrême l’exposition de 1959, c’est l’érotisme proprement dit qui est revendiqué, l’érotisme considéré comme la synthèse de l’amour et de la sexualité. Les auteurs qui appartiennent au premier mouvement ont un autre ton et d’autres principes que ceux du second mouvement. Vous le verrez en comparant Claude Cahun, dont les Aveux non avenus sont de 1930, et Joyce Mansour dont les Histoires nocives sont de 1973. Je ne m’étendrai pas davantage sur ces remarques préliminaires, et je vous laisse apprécier le véritable sujet de cette séance.
[1] Sarane Alexandrian a bien voulu nous confier la présentation qu’il a faite le 1 er avril 2006 au Bateau-Lavoir d’une séance organisée par l’Association pour l’étude du surréalisme. Qu’il en soit ici remercié. (NDLR)