Tracts surréalistes, Tome I, 1938
1938
Votre vie vaut cinquante francs
Deux cents francs pour quatre cadavres, on ne peut pas dire que ce soit cher. Soyons précis: Soixante-six francs soixante-six centimes, si l'on compte à sa juste valeur, c'est-à-dire rien, la carcasse de l'adjudant Untel, qui a trouvé une fin honorable dans l'exercice de ses sordides fonctions. Qu'on ne vienne pas nous dire que ce n'était pas sa faute. On ne devient pas adjudant comme on devient plombier; il faut la vocation. Après tout, Dreyfus n'avait qu'à ne pas être capitaine. Ça lui aurait évité des difficultés avec l'armée. Les paysans dont le sort nous touche aujourd'hui ont été assiégés dans leur ferme parce qu'ils devaient deux cents francs au fisc. On voit ici l'effet des directions données par les responsables du Front Populaire aux percepteurs : accorder des facilités, ne pas instrumenter contre les gens trop visiblement désargentés. Il est très probable que les Cornuel auraient préféré payer deux cent francs que mourir grillés et mitraillés. Il est entendu que le pauvre serrurier qu'ils ont descendu n'y était pour rien; d'autant plus que si on l'avait laissé chez lui, il ne serait pas refroidi maintenant. Mais on a lancé des bombes lacrymogènes sur la vache des Cornuel. Erreur politique, d'ailleurs, il n'y avait rien d'autre à saisir dans leur lamentable ferme. On a mis le feu à la ferme (en sorte que l'enterrement des martyrs retombera finalement aux frais de la commune). Ne l'oubliez pas. Nous avons tous lu Sade avec un certain plaisir. N'oubliez pas la vieille paysanne qui fuyait la fournaise, les cheveux enflammés, canardée à loisir par des gendarmes épouvantés. N'oubliez pas le préfet, qui a commandé, ou laissé faire. Nous les recommandons dans leurs prières à tous ceux qui sont encore susceptibles de la grande rage qui fait voir trouble et tord les tripes. Nous signalons à la bienveillante attention des pouvoirs publics le percepteur consciencieux qui a deux cadavres à ranger tout frais dans sa colonne profits et pertes, en attendant que les juges (ils n'ont jamais reçu de feuilles vertes, eux), lui tendent pour parfaire la somme la tête du dernier rebelle dont une charogne anonyme nous parle en ces termes dans Pourri-Midi (vingt-sept janvier mil neuf cent trente-huit) : « Sombre brute au faciès bestial... celui qui, pendant plus de vingt-quatre heures, tint tête à tout... un inconscieent... » Brave sombre brute qui, pour les besoins de la cause, aurait été, en d'autres circonstances, un de ces robustes et économes paysans français qui sont l'honneur de la race et qu'il convient d'opposer aux ouvriers cégétistes avides de loisirs et de hauts salaires. Le père Ubu exagère. Le parti de l'Ordre exagère. Les salauds exagèrent. Très bien! Nous exagérons aussi.
janvier-février 1938
[Ce tract ne figure pas dans l'ouvrage de José Pierre]
[POUR FREUD]
A la veille de publier cet ouvrage, nous apprenons dans un grand serrement de coeur l'arrestation à Vienne de Sigmund Freud. Ainsi toute une vie de compréhension rayonnante, de dévouement exclusif à la cause de l'émancipation humaine conçue sous la forme la plus large qui fut jamais, est à peu près sûre de s'achever dans l'infection d'une geôle, dans les humiliations torturantes d'un camp de concentration hitlérien. L'illustre maître, l'esprit en lequel s'est véritablement incarné le « Plus de lumière » réclamé par Goethe, celui de qui nombreux dans le monde nous tenons nos meilleures raisons d'être et d'agir, Freud tombant à quatre-vingt-deux ans sous la poigne des soudards, se trouvant particulièrement désigné à la fureur des inconscients et des chiens ! A coup sûr nous savons, nous ne pouvons nous dissimuler que, désespérant chaque jour un peu plus de se faire entendre, se croisent au-dessus de nos têtes d'autres appels, tant en faveur des peuples qui ne demandent rien autre que rester libres qu'en faveur des hommes les plus sûrs, accusés tout à coup de crimes monstrueux. Nous voulons cependant croire encore que l'image d'un Freud depuis longtemps malade, quoique toujours aussi merveilleusement lucide, d'un Freud soumis, à pareil âge, aux pires outrages provoquera sur le plan universel un réveil de conscience, entraînera un sursaut d'indignation, sera de force à imposer la fin d'une honte prête à rejaillir sur la civilisation tout entière.
Le lendemain. « Vienne, 17 mars (par tél.). On annonce cet après-midi que, contrairement au bruit qui avait couru, le professeur Freud, fondateur de la psychanalyse, n'a pas été arrêté. Il vit retiré dans son domicile à Vienne. »
18 mars. Freud n'est pas arrêté mais bien « gardé à vue ». Que l'esprit, alerté à toutes les latitudes, se concentre pour veiller sur sa demeure inviolable, que s'organise symboliquement autour de sa personne la garde d'honneur qui impose sa libération intégrale, immédiate, et assure, où bon lui semble, l'achèvement paisible et glorieux d'une existence spirituelle à laquelle nous tenons comme à la nôtre.
[Trajectoire du Rêve, mars 1938]
AL PÙBLICO DE LA AMERICA LATINA
Y del mundo entero, principalmente a los escritores, artistas y hombres de ciencia, hacemos la siguiente declaración :
El poeta francés, André Breton, figura central de la poesía contemporánea, vino de Francia a México, en calidad de huésped de la Universidad Nacional Autónoma, para ofrecer a nuestro país lo mejor que podía darnos: su arte y los conceptos que respecto al movimiento sobrerealista del que es creador y cuya importancia, gústese o no, de su producción, no puede escapar a nadie ni puede ser negada, ya que es universalmente conocida. A principios de abril del presente año el señor Isidro Fabela, representante del gobierno mexicano ante la Sociedad de Naciones y también de la Universidad Nacional Autónoma de México en Europa, invitó personalmente a André Breton a ser huésped de dicha Universidad para exponer sus ideas poéticas y tener contacto con los intelectuales de México. El ilustre escritor francés salió de París rumbo a México, con una representacion extraoficial del Ministerio de Relaciones Exteriores de Francia, sin otra misión que la de explicar los orígenes y desarrollo de su obra literaria. Al llegar a la ciudad de México, Breton encontró una situación, respecto de él, extraña al principio e incalificable después. En efecto, el poeta francés se ha visto injustamente desairado por las autoridades universitarias del modo más contrastado que pueda imaginarse, pues si en un principio el licenciado Luis Chico Goerne, Rector entonces y hasta hace pocos días de nuestra Casa de Estudios, presidió la primera de la anunciada serie de conferencias de Andre Breton, después de esa fecha el escritor francés no ha encontrado sino descortesías tan indignas de él como de nuestra propia Universidad. Las fechas dadas a Breton para sus conferencias por el rector Chico Goerne, nos hacen sospechar la mala fe respecto de las autoridades universitarias, pues la primera conferencia se realizó el 13 de mayo, vispera de vacaciones de primavera, y la segunda se anunció — en el mismo volante de la primera — para el día 3 de junio. Veinte días separaban asi la primera conferencia de la segunda, y ésta no fué anunciada o recordada oportunamente en los periódicos ni por volante alguno. El señor Breton se presentó el 3 de junio al salón indicado para realizar su conferencia y lo encontró vacio. Un empleado le dijo que allí no se tenía noticia alguna a propósito de la conferencia. No se envió a André Breton la menor excusa por semejante descuido, si de algún modo puede a esto llamársele. Después, en las fechas 6, 10 y 13 de junio siempre escogidas por el ya mencionado Rector, el poeta francés halló las puertas apenas logró saber que a causa del estado de agitación política de la Universidad, no podía concederse el referido salón. (Paraninfo de la Universidad) Pero fué el colmo, cuando el día de ayer, 17 de junio, fecha dada para la última conferencia, André Breton se presentó al referido lugar, y no sólo halló las puertas cerradas, sino que en un principio nadie salió a darle explicación alguna ¿El porqué de todo esto? ¿Es que la Universidad en todas partes del mundo no representa, por excelencia, a la intelectualidad de un país? Cuando el señor Chico Goerne y sus colaboradores se vieron obligados a renunciar sus altos puestos universitarios, las personas que en este momente dirigen la Casa de Estadios, ordenaron que continuasen las conferencias de André Breton. Y asi tenemos que la conferencia que debió realizarse ayer fue anunciada por radio y recordatorios en los periódicos. Pero algo inesperado ocurrió. El escritor francés halló las puertas cerradas y alguien anunció poco después - gran mentira — que Breton había anunciado telefónicamente que no iria a dar su conferencia. ¿De dónde partió ese telefonema? ¿Era continuación del sabotaje iniciado contra Breton? Es sencillamente bochornoso que a un gran escritor huésped de la Universidad Nacional Autónoma se le trate de tal manera. Ninguna excusa es suficiente. ¿Quiere decirnos algo acerca de de este último incidente el Lic. Julio Jiménez Rueda, en estos momentos director del Colegio de Filosofía y Letras y a quien por tanto incumbe la responsabilidad del último hecho arriba anotado? In lugar de sentirse honrada nuestra Universidad con la presencia en ella de un huésped ilustre, lo maltrata a extremos ya expresados. Cualquiera que sea el huésped, si se le ha invitado, la cortesía es cosa elemental, la decencia está indicada. Las ideas poéticas de André Breton han producido la mayor inquietud en todo el mundo. Los pintores, Picasso a la cabeza, exigen que se les cuente entre los afiliados a las ideas de nuestro admirado visitante. Poetas de todo el mundo buscan orientación en la labor artística y altamente revolucionaria de André Breton. Nosotros protestamos, con la mayor ener- gía, por la incalificable conducta de las autoridades universitarias, en este caso y en otro cualquiera, dejamos al público el juicio que merezcan dichas autoridades e invitamos al mismo a escuchar al gran poeta francés en las conferencias que dará los días martes 21 y sábado 25 de este mismo mes en la sala de conferencias del Palacio de Bellas Artes a las 8 v 30 de la noche.
M. Alvarez Bravo.- Asunsulo. - Luis Barragán.- Adolfo Best Maugard.- Julio Bracho.- Carlos Chávez. Jorge Cuesta.- Jacobo Dalevuelta.- Jorge Enciso. Celestino Gorostiza. -José Gorostiza.- Antonio Hidalgo B.- Frieda Kablo.- Agustín Lazo.- Mardonio Magaña.- J. de Jesús María - Guadalupe Marín.- Francisco Marin- Carlos Mérida.- Miguel Montemayor.- Roberto Montenegro.- César Moro.- Elías Nandino.- Salvador Novo. - Carlos Pellicer.- Diego Rivera.- Antonio Ruiz.- Tamayo.- Frances Toor.- Juan Luis Velázquez.-Javier Villaurrutia.- Santiago R. de la Vega. Adolfo Zamora.- Francisco Zamora. Javier Icaza. - Ismael Cosío Villegas.
México, sábado 18 de junio de 1938
[Ce tract ne figure pas dans l'ouvrage de José Pierre]
POUR UN ART RÉVOLUTIONNAIRE INDÉPENDANT
On peut prétendre sans exagération que jamais la civilisation humaine n'a été menacée de tant de dangers qu'aujourd'hui. Les vandales, à l'aide de leurs moyens barbares, c'est-à-dire fort précaires, détruisirent la civilisation antique dans un coin limité de l'Europe. Actuellement, c'est toute la civilisation mondiale, dans l'unité de son destin historique, qui chancelle sous la menace de forces réactionnaires armées de toute la technique moderne. Nous n'avons pas seulement en vue la guerre qui s'approche. Dès maintenant, en temps de paix, la situation de la science et de l'art est devenue absolument intolérable.
En ce qu'elle garde d'individuel dans sa genèse, en ce qu'elle met en oeuvre de qualités subjectives pour dégager un certain fait qui entraîne un enrichissement objectif, une découverte philosophique, sociologique, scientifique ou artistique apparaît comme le fruit d'un hasard précieux, c'est-à-dire comme une manifestation plus ou moins spontanée de la nécessité. On ne saurait négliger un tel apport, tant du point de vue de la connaissance générale (qui tend à ce que se poursuive l'interprétation du monde) que du point de vue révolutionnaire (qui, pour parvenir à la transformation du monde, exige qu'on se fasse une idée exacte des lois qui régissent son mouvement). Plus particulièrement, on ne saurait se désintéresser des conditions mentales dans lesquelles cet apport continue à se produire et, pour cela, ne pas veiller à ce que soit garanti le respect des lois spécifiques auxquelles est astreinte la création intellectuelle.
Or le monde actuel nous oblige à constater la violation de plus en plus générale de ces lois, violation à laquelle répond nécessairement un avilissement de plus en plus manifeste, non seulement de l'oeuvre d'art, mais encore de la personnalité « artistique ». Le fascisme hitlérien, après avoir éliminé d'Allemagne tous les artistes chez qui s'était exprimé à quelque degré l'amour de la liberté, ne fût-ce que formelle, a astreint ceux qui pouvaient encore consentir à tenir une plume ou un pinceau à se faire les valets du régime et à le célébrer par ordre, dans les limites extérieures de la pire convention. A la publicité près, il en a été de même en U.R.S.S. au cours de la période de furieuse réaction que voici parvenue à son apogée.
Il va sans dire que nous ne nous solidarisons pas un instant, quelle que soit sa fortune actuelle, avec le mot d'ordre : « Ni fascisme ni communisme ! », qui répond à la nature du philistin conservateur et effrayé, s'accrochant aux vestiges du passé « démocratique ». L'art véritable, c'est-à-dire celui qui ne se contente pas de variations sur des modèles tout faits mais s'efforce de donner une expression aux besoins intérieurs de l'homme et de l'humanité d'aujourd'hui, ne peut pas ne pas être révolutionnaire, c'est-à-dire ne pas aspirer à une reconstruction complète et radicale de la société, ne serait-ce que pour affranchir la création intellectuelle des chaînes qui l'entravent et permettre à toute l'humanité de s'élever à des hauteurs que seuls des génies isolés ont atteintes dans le passé. En même temps, nous reconnaissons que seule la révolution sociale peut frayer la voie à une nouvelle culture. Si, cependant, nous rejetons toute solidarité avec la caste actuellement dirigeante en U.R.S.S., c'est précisément parce qu'à nos yeux elle ne représente pas le communisme, mais en est l'ennemi le plus perfide et le plus dangereux.
Sous l'influence du régime totalitaire de l'U.R.S.S. et par l'intermédiaire des organismes dits « culturels » qu'elle contrôle dans les autres pays, s'est étendu sur le monde entier un profond crépuscule hostile à l'émergence de toute espèce de valeur spirituelle. Crépuscule de boue et de sang dans lequel, déguisés en intellectuels et en artistes, trempent des hommes qui se sont fait de la servilité un ressort, du reniement de leurs propres principes un jeu pervers, du faux témoignage vénal une habitude et de l'apologie du crime une jouissance. L'art officiel de l'époque stalinienne reflète avec une cruauté sans exemple dans l'histoire leurs efforts dérisoires pour donner le change et masquer leur véritable rôle mercenaire.
La sourde réprobation que suscite dans le monde artistique cette négation éhontée des principes auxquels l'art a toujours obéi et que des Etats même fondés sur l'esclavage ne se sont pas avisés de contester si totalement doit faire place à une condamnation implacable. L'opposition artistique est aujourd'hui une des forces qui peuvent utilement contribuer au discrédit et à la ruine des régimes sous lesquels s'abîme, en même temps que le droit pour la classe exploitée d'aspirer à un monde meilleur, tout sentiment de la grandeur et même de la dignité humaine.
La révolution communiste n'a pas la crainte de l'art. Elle sait qu'au terme des recherches qu'on peut faire porter sur la formation de la vocation artistique dans la société capitaliste qui s'écroule, la détermination de cette vocation ne peut passer que pour le résultat d'une collision entre l'homme et un certain nombre de formes sociales qui lui sont adverses. Cette seule conjoncture, au degré près de conscience qui reste à acquérir, fait de l'artiste son allié prédisposé. Le mécanisme de sublimation, qui intervient en pareil cas, et que la psychanalyse a mis en évidence, a pour objet de rétablir l'équilibre rompu entre le « moi » cohérent et les éléments refoulés. Ce rétablissement s'opère au profit de l'« idéal du moi » qui dresse contre la réalité présente, insupportable, les puissances du monde intérieur, du « soi », communes à tous les hommes et constamment en voie d'épanouissement dans le devenir. Le besoin d'émancipation de l'esprit n'a qu'à suivre son cours naturel pour être amené à se fondre et à se retremper dans cette nécessité primordiale : le besoin d'émancipation de l'homme.
Il s'ensuit que l'art ne peut consentir sans déchéance à se plier à aucune directive étrangère et à venir docilement remplir les cadres que certains croient pouvoir lui assigner, à des fins pragmatiques extrêmement courtes. Mieux vaut se fier au don de préfiguration qui est l'apanage de tout artiste authentique, qui implique un commencement de résolution (virtuel) des contradictions les plus graves de son époque et oriente la pensée de ses contemporains vers l'urgence de l'établissement d'un ordre nouveau.
L'idée que le jeune Marx s'était faite du rôle de l'écrivain exige, de nos jours, un rappel vigoureux. Il est clair que cette idée doit être étendue, sur le plan artistique et scientifique, aux diverses catégories de producteurs et de chercheurs. « L'écrivain, dit-il, doit naturellement gagner de l'argent pour pouvoir vivre et écrire, mais il ne doit en aucun cas vivre et écrire pour gagner de l'argent... L'écrivain ne considère aucunement ses travaux comme un moyen. Ils sont des buts en soi, ils sont si peu un moyen pour lui-même et pour les autres qu'il sacrifie au besoin son existence à leur existence... La première condition de la liberté de la presse consiste à ne pas être un métier. » Il est plus que jamais de circonstance de brandir cette déclaration contre ceux qui prétendent assujettir l'activité intellectuelle à des fins extérieures à elle-même et, au mépris de toutes les déterminations historiques qui lui sont propres, régenter, en fonction de prétendues raisons d'Etat, les thèmes de l'art. Le libre choix de ces thèmes et la non-restriction absolue en ce qui concerne le champ de son exploration constituent pour l'artiste un bien qu'il est en droit de revendiquer comme inaliénable. En matière de création artistique, il importe essentiellement que l'imagination échappe à toute contrainte, ne se laisse sous aucun prétexte imposer de filière. A ceux qui nous presseraient, que ce soit pour aujourd'hui ou pour demain, de consentir à ce que l'art soit soumis à une discipline que nous tenons pour radicalement incompatible avec ses moyens, nous opposons un refus sans appel et notre volonté délibérée de nous en tenir à la formule : toute licence en art.
Nous reconnaissons, bien entendu, à l'Etat révolutionnaire le droit de se défendre contre la réaction bourgeoise agressive, même lorsqu'elle se couvre du drapeau de la science ou de l'art. Mais entre ces mesures imposées et temporaires d'auto-défense révolutionnaire et la prétention d'exercer un commandement sur la création intellectuelle de la société il y a un abîme. Si, pour le développement des forces productives matérielles, la révolution est tenue d'ériger un régime socialiste de plan centralisé, pour la création intellectuelle elle doit dès le début même établir et assurer un régime anarchiste de liberté individuelle. Aucune autorité, aucune contrainte, pas la moindre trace de commandement ! Les diverses associations de savants et les groupes collectifs d'artistes qui travailleront à résoudre des tâches qui n'auront jamais été si grandioses peuvent surgir et déployer un travail fécond uniquement sur la base d'une libre amitié créatrice, sans la moindre contrainte de l'extérieur.
De ce qui vient d'être dit il découle clairement qu'en défendant la liberté de la création, nous n'entendons aucunement justifier l'indifférentisme politique et qu'il est loin de notre pensée de vouloir ressusciter un soi-disant (sic) art « pur » qui d'ordinaire sert les buts plus qu'impurs de la réaction. Non, nous avons une trop haute idée de la fonction de l'art pour lui refuser une influence sur le sort de la société. Nous estimons que la tâche suprême de l'art à notre époque est de participer consciemment et activement à la préparation de la révolution. Cependant, l'artiste ne peut servir la lutte émancipatrice que s'il s'est pénétré subjectivement de son contenu social et individuel, que s'il en a fait passer le sens et le drame dans ses nerfs et que s'il cherche librement à donner une incarnation artistique à son monde intérieur.
Dans la période présente, caractérisée par l'agonie du capitalisme, tant démocratique que fasciste, l'artiste, sans même qu'il ait besoin de donner à sa dissidence sociale une forme manifeste, se voit menacé de la privation du droit de vivre et de continuer son oeuvre par le retrait devant celle-ci de tous les moyens de diffusion. Il est naturel qu'il se tourne alors vers les organisations stalinistes qui lui offrent la possibilité d'échapper à son isolement. Mais la renonciation de sa part à tout ce qui peut constituer son message propre et les complaisances terriblement dégradantes que ces organisations exigent de lui en échange de certains avantages matériels lui interdisent de s'y maintenir, pour peu que la démoralisation soit impuissante à avoir raison de son caractère. Il faut, dès cet instant, qu'il comprenne que sa place est ailleurs, non pas parmi ceux qui trahissent la cause de la révolution en même temps, nécessairement, que la cause de l'homme, mais parmi ceux qui témoignent de leur fidélité inébranlable aux principes de cette révolution, parmi ceux qui, de ce fait, restent seuls qualifiés pour l'aider à s'accomplir et pour assurer par elle la libre expression ultérieure de tous les modes du génie humain.
Le but du présent appel est de trouver un terrain pour réunir les tenants révolutionnaires de l'art, pour servir la révolution par les méthodes de l'art et défendre la liberté de l'art elle-même contre les usurpateurs de la révolution. Nous sommes profondément convaincus que la rencontre sur ce terrain est possible pour les représentants de tendances esthétiques, philosophiques et politiques passablement divergentes. Les marxistes peuvent marcher ici la main dans la main avec les anarchistes, à condition que les uns et les autres rompent implacablement avec l'esprit policier réactionnaire, qu'il soit représenté par Joseph Staline ou par son vassal Garcia Oliver.
Des milliers et des milliers de penseurs et d'artistes isolés, dont la voix est couverte par le tumulte odieux des falsificateurs enrégimentés, sont actuellement dispersés dans le monde. De nombreuses petites revues locales tentent de grouper autour d'elles des forces jeunes, qui cherchent des voies nouvelles, et non des subventions. Toute tendance progressive en art est flétrie par le fascisme comme une dégénérescence. Toute création libre est déclarée fasciste par les stalinistes. L'art révolutionnaire indépendant doit se rassembler pour la lutte contre les persécutions réactionnaires et proclamer hautement son droit à l'existence. Un tel rassemblement est le but de la Fédération internationale de l'art révolutionnaire indépendant (F.I.A.R.I.) que nous jugeons nécessaire de créer.
Nous n'avons nullement l'intention d'imposer chacune des idées contenues dans cet appel, que nous ne considérons nous-mêmes que comme un premier pas dans la nouvelle voie. A tous les représentants de l'art, à tous ses amis et défenseurs qui ne peuvent manquer de comprendre la nécessité du présent appel, nous demandons d'élever la voix immédiatement. Nous adressons la même injonction à toutes les publications indépendantes de gauche qui sont prêtes à prendre part à la création de la Fédération internationale et à l'examen de ses tâches et méthodes d'action.
Lorsqu'un premier contact international aura été établi par la presse et la correspondance, nous procéderons à l'organisation de modestes congrès locaux et nationaux. A l'étape suivante devra se réunir un congrès mondial qui consacrera officiellement la fondation de la Fédération internationale.
Ce que nous voulons :
l'indépendance de l'art - pour la révolution ; la révolution - pour la libération définitive de l'art.
Mexico, le 25 juillet 1938.
(voir aussi le tract Pour un art révolutionnaire indépendant)
NI DE VOTRE GUERRE NI DE VOTRE PAIX !
La guerre qui s'annonce sous la forme hypocrite de mesures de sécurité répétées et multipliées, la guerre qui menace de surgir de l'inextricable conflit d'intérêts impérialistes dont l'Europe est affligée ne sera pas la guerre de la démocratie, pas la guerre de la justice, pas la guerre de la liberté. Les Etats qui, pour les besoins de l'heure et pour ceux de l'histoire, prétendent se servir de ces notions comme de pièces d'identité, ont acquis leurs richesses et consolidé leur pouvoir par des méthodes de tyrannie, d'arbitraire et de sang. Les preuves les plus récentes de l'indignité de ces Etats sont encore vivantes dans la mémoire collective.
Ils ont laissé l'Italie anéantir l'Ethiopie notamment parce que toute résistance victorieuse opposée à l'envahisseur blanc eût encouragé les peuples coloniaux à se délivrer de l'étreinte impérialiste.
Ils ont refusé à l'Espagne de juillet 1936 les armes qu'elle était en droit de leur demander et qui lui eussent permis de terrasser promptement le fascisme, parce qu'il ne fallait pas que la victoire des travailleurs espagnols ouvrît au prolétariat mondial de nouvelles perspectives révolutionnaires.
Ils livrent la Chine à l'impérialisme japonais.
Aujourd'hui, si les puissances pseudo-démocratiques se mettent en mouvement, c'est afin de défendre un Etat qu'elles ont créé à leur image, un Etat foncièrement capitaliste, centralisé, policier, statique.
Trahie de toutes parts, oublieuse de sa fonction subversive, la classe ouvrière s'apprête à participer au sauvetage du butin de Versailles. En réponse à cette attitude suicidaire, nous déclarons que la seule question intéressant l'avenir social de l'homme, bien faite pour mobiliser sa lucidité et son énergie créatrice, est celle de la liquidation d'un régime capitaliste qui n'arrive à se survivre, à surmonter ses propres paradoxes et ses propres faillites, que grâce aux scandaleuses complicités de la IIe et de la IIIe Internationales. Avec les coupables comme avec leurs complices, avec les justificateurs de la guerre comme avec les falsificateurs de la paix, aucun compromis possible. A l'Europe insensée des régimes totalitaires, nous refusons d'opposer l'Europe révolue du Traité de Versailles même révisé. Nous leur opposons à toutes deux, dans la guerre comme dans la paix, les forces appelées à recréer de toutes pièces l'Europe par la révolution prolétarienne.
Paris, le 27 septembre 1938.
Lettre à nos amis de Londres
Chers camarades,
Alors que nous nous attendions à apprendre la constitution de la section anglaise de la F.I.A.R.I., Penrose nous fait savoir que vous n'arrivez pas à vous mettre d'accord sur un plan d'action. La question qui semble vous causer le plus de soucis est celle de l'attitude à adopter envers l'U.R.S.S.
Vous craignez, paraît-il, qu'une polémique - éventuellement entreprise par nous contre la Russie - ne fasse le jeu du fascisme, car elle coïnciderait, dites-vous, avec l'offensive diplomatique générale qui a été déclenchée contre elle après l'accord de Munich. Il est en effet extrêmement regrettable que le fascisme puisse profiter des erreurs du prolétariat. Mais vous oubliez, nous semble-t-il, que si les dirigeants du prolétariat n'avaient pas commis d'erreurs, il n'y aurait de fascisme ni en Italie, ni en Allemagne. Il est pourtant évident que de nouvelles erreurs - dont la liste s'allonge chaque jour - ont pour unique résultat d'accoître la misère du prolétariat. Ne point réagir devant les fautes de la IIIe Internationale, cela équivaudrait à partager la responsabilité de ses erreurs et de ses crimes.
C'est jouer sur les mots que d'identifier, sous prétexte de coïncidence dans le temps, les « attaques » d'ordre critique que nous portons contre la bureaucratie stalinienne avec l'offensive diplomatique ou l'attaque armée des pays capitalistes contre l'U.R.S.S.
Revendiquer la liberté de critique contre le gouvernement actuel de l'U.R.S.S. n'implique pas nécessairement le choix d'une tactique de défense ou de non-défense de l'U.R.S.S. en cas de guerre dont il appartient aux partis ouvriers de décider en temps opportun.
Nous sommes persuadés - et nous regrettons d'avoir à vous le rappeler - que ce qui subsiste des conquêtes d'Octobre ne pourra être sauvé, consolidé et accru qu'avec l'appui du prolétariat international. La défense de l'U.R.S.S., telle que vous l'envisagez, va à l'encontre du but proposé. Nous nous refusons à identifier le prolétariat soviétique avec ses dirigeants actuels. Et ce n'est pas seulement en politique intérieure mais en politique étrangère aussi que nous refusons de considérer l'activité de la bureaucratie stalinienne comme étant conforme aux perspectives révolutionnaires. Cette activité n'exprime pas les intérêts de la classe ouvrière de l'U.R.S.S., à laquelle, est-il besoin de le dire, le prolétariat du monde entier demeure indissolublement lié. Bien au contraire, nous accusons Staline et Litvinoff de rompre les liens existants entre les ouvriers russes et leurs camarades étrangers. Plus particulièrement, ils rompent ces liens par la pratique de la politique de front populaire qui, comme toute politique réformiste, livre le prolétariat à ses ennemis de classe. En effet, sous le faux prétexte de la paix sociale, les démocrates ont désarmé la classe ouvrière.
Toute victoire de la bourgeoisie, qu'elle soit obtenue par des défaites sanglantes ou par de honteuses capitulations, peu importe, est une victoire sur le prolétariat soviétique, que vous avez toute raison de vouloir défendre. Soit parce qu'elle renforce la bureaucratie stalinienne dont l'intérêt est d'isoler le prolétariat russe pour mieux le dominer, soit parce qu'une victoire de la bourgeoisie internationale sape ce même régime bureaucratique en créant dans le pays des conditions plus favorables à une intervention armée.
Il nous est impossible de faire confiance à la bureaucratie stalinienne. Même les périls de l'heure présente ne changeront pas son attitude. Toute action révolutionnaire lui est néfaste dans la mesure où le prolétariat international en profite. La tactique anti-révolutionnaire de Staline a déjà fait ses preuves en Allemagne, en Chine, en Espagne et en France. Après chaque défaite, la bureaucratie poursuit plus âprement sa politique de capitulation et se coupe davantage de son propre prolétariat. Il ne faut pas croire non plus que le stalinisme est favorable à une révolution succédant à une guerre. Staline fera tout pour éviter que l'U.R.S.S. soit entraînée dans une conflagration mondiale. Il l'a prouvé dans sa politique envers le Japon, la Pologne, dans les questions espagnole et tchécoslovaque. Il est tout prêt à envoyer se battre les communistes des autres pays, mais il évite de mobiliser son peuple, car son pouvoir, comme tout pouvoir fondé sur une bureaucratie, repose sur un éternel compromis dont l'équilibre sera inévitablement rompu au cours d'une crise. Dans une guerre où l'U.R.S.S. serait éventuellement entraînée, le profit serait pour la bourgeoisie internationale ou pour le prolétariat international. A coup sûr non pour la bureaucratie. En cas de guerre, la bourgeoisie tentera tout pour forcer l'armée russe, seule détentrice du pouvoir en U.R.S.S., à faire cause commune avec elle. Le prolétariat soviétique ne pourrait empêcher une telle éventualité qu'à condition que les ouvriers empêchent leurs propres bourgeoisies de poursuivre une politique de conquête. D'après ce qui précède, il est évident que le prolétariat a intérêt à adopter sans délai une stratégie révolutionnaire.
D'autre part, il ne faut pas croire, avec Dimitroff et la IIIe Internationale, que la politique de paix sociale qu'ils poursuivent dans les pays « démocratiques » les sauvera du fascisme. L'Allemagne et l'Italie n'ont pas, seules, intérêt à étendre le fascisme ; sous certaines conditions, c'est là l'intérêt de toutes bourgeoisies, qu'elles soient italienne ou française, allemande ou anglaise. Le fascisme est la contrepartie inévitable du rétrécissement des débouchés économiques, conclusion inéluctable d'une industrialisation de toutes les parties du globe. La bourgeoisie, par le rétrécissement de la marge de ses bénéfices, est obligée pour comprimer les salaires d'employer des méthodes fascistes car la compétition internationale a rendu toute extension nouvelle terriblement onéreuse. L'Italie en fait l'expérience en Abyssinie et en Espagne, le Japon en Chine, l'Allemagne en Europe centrale. Aveugle est celui qui croit que lorsque les démocraties occidentales n'auront plus intérêt à céder aux pays fascistes, elles ne seront pas contraintes à leur tour de recourir à des mesures de compression économique, mesures auxquelles une guerre ou une révolution - dans la métropole ou dans les colonies - pourrait servir de prétexte. Les crises au cours de la période actuelle se succèdent de plus en plus rapides.
Aveugle est celui qui ne comprend pas que lutter pour la démocratie antifasciste signifie lutter pour l'oppression impérialiste : impérialisme britannique aux Indes, impérialisme français en Indochine et au Maroc, assassinat légal des vrais révolutionnaires dans l'Espagne de Négrin, assassinat pur et simple des Klément et des Reiss, en Suisse et en France. C'est l'antifasciste et non le critique de l'U.R.S.S. qui fait le jeu du fascisme lorsqu'il opprime les Arabes au nom de la démocratie ou bien lorsqu'il soutient les dictatures de Sirovy, Vargas, Carol et Salazar. Ceux qui dissimulent les monstruosités de la politique stalinienne, les alliés de Tchang-Kaï-Cheik, de Négrin, eux plus que tous autres, rendent possible ce blocus de l'U.R.S.S. dont rêvaient Clemenceau et Lloyd George, ce blocus qui échoua alors grâce à la résistance farouche du prolétariat mondial. (Cf. LETTRE AUX OUVRIERS AMERICAINS de LENINE.)
La solidarité du prolétariat international est la seule garantie contre l'isolement auquel Penrose nous voit déjà condamnés. Ce n'est pourtant pas nous qui risquons d'être isolés, mais bien les autres : tous ceux qui demain devront vivre dans cette illégalité où le fascisme les plongera ; dans ce vide que le prolétariat désabusé fera autour d'eux.
Quand Penrose dit avec raison qu'il est dégoûté des réunions où les anti-fascistes apportent des arguments impérialistes pour défendre la Tchécoslovaquie, il met le doigt sur la plaie, car c'est précisément du danger de l'isolement que risque de provenir ce dégoût.
Pour nous délivrer de ce sentiment, nous n'avons que deux moyens : l'un aboutit à une catastrophe et nous mène au désespoir ; l'autre - qui est révolutionnaire - nous conduit à une critique des erreurs et non au renoncement à toute activité révolutionnaire.
Inutile de vous dire, chers camarades, que c'est dans la voie révolutionnaire que nous espérons vous voir engagés. Lorsque nous refusons de nous associer à a démagogie antifasciste, nous ne nous isolons pas ; bien au contraire, nous savons que nous nous mettons au service des vraies forces révolutionnaires car nous nous solidarisons avec ce qu'il y a de meilleur en l'humanité. Il nous semble que se lier à toutes les forces créatrices de l'homme, par tous les moyens critiques et affectifs - et nous le faisons lorsque nous prenons pour point de départ la lutte de classes - est la plus belle des tâches auxquelles l'artiste et l'intellectuel, dignes de porter le nom de révolutionnaires, puissent aspirer.
Mais certains surréalistes de Londres, paraît-il, hésitent. Nous espérons que cette lettre les aidera à dissiper leurs craintes. Au cas contraire, il est évident qu'ils n'auraient plus de surréalistes que le nom. Nous ne sommes pas dupes des mots et des étiquettes, pas plus de l'étiquette « surréaliste » que des étiquettes « communiste » ou « U.R.S.S. ».
Bien entendu, il ne s'agit pas davantage de nous opposer aux conquêtes révolutionnaires du prolétariat russe que de nous opposer aux conquêtes dans le domaine de l'Art de nos camarades de Londres.
Il s'agit pour nous de continuer à mener un mouvement révolutionnaire sur tous les plans, et s'il le faut, malgré un parti communiste ou un groupe surréaliste.
Contre eux-mêmes si cela est nécessaire.
Nous luttons pour l'indépendance de l'Art par la Révolution, comme nous luttons pour la Révolution par tous les moyens efficaces.
Paris, le 21 octobre 1938.
[PRIÉRE D'INSÉRER POUR « CLÉ »]
Toute tendance progressive en art est flétrie par le fascisme comme une dégénérescence. Toute création libre est déclarée fasciste par les stalinistes.
Les uns par commodité d'esprit, les autres par docilité partisane, de trop nombreux intellectuels regardent et représentent la révolution sociale tantôt comme terminée, tantôt comme irréalisable. Il est temps de s'insurger contre une telle méconnaissance des réalités qui nous entourent et du déterminisme qui les gouverne.
La révolution est inscrite à l'ordre du siècle. Elle aura lieu malgré les faussaires et les défaitistes qui, hier encore, lui juraient fidélité. Mais il importe, dans la mesure même où elle est inéluctable, de l'éclairer, de la comprendre et de mettre fin aux confusions idéologiques existantes. A la fois par la culture qu'ils incarnent et par les mobiles affectifs qui commandent leur vocation, les écrivains et les artistes sont appelés à jouer dans toute période prérévolutionnaire un rôle spécifique qu'il n'appartient à personne d'autre de remplir, car la révolution que nous voulons, destinée à « changer la vie », destinée à « transformer le monde », a droit à un concours non pas improvisé mais au contraire longuement prémédité.
Les grandes oeuvres du passé s'ajoutant aux oeuvres du présent doivent contribuer, par leur pouvoir émotif, à élever le tonus révolutionnaire indispensable à l'action libératrice.
C'est à cette tâche précise qu'entend se consacrer la F.I.A.R.I. C'est elle qui constitue sa raison d'être et d'agir. C'est dans ce sens également que Clé, le bulletin de la F.I.A.R.I. - au même titre que ses autres activités - servira les causes intimement solidaires de l'art, de la révolution, de l'homme.
Contre toutes les forces de répression et de corruption, qu'elles soient fascistes, staliniennes ou religieuses, ce que nous voulons :
la révolution — pour la libération définitive de l'art.