Bruno Pompili, Strabismi 1. Letture senza scala
Compte-rendu par Francesco Cornacchia
Bruno Pompili, Strabismi 1. Letture senza scala, Bari, CRAV-B.A. Graphis, 2007, 219 p.
Strabismi1 de Bruno Pompili a fait son apparition dans les librairies au printemps de cette année, mais les textes (en italien) de ce recueil ont déjà vu le jour dans la période 1966-1975 environ dans des revues dont les numéros sont devenus parfois difficiles à repérer.
Celui-ci est le premier tome et Strabismi2, qui aura la même conception éditoriale, sera bientôt en librairie. Sans doute, l’auteur ne se serait pas décidé à republier ces textes s’il ne leur avait reconnu une valeur d’actualité. De fait, ces écrits qui ont pour objet le surréalisme, plusieurs problèmes et écrivains en relation avec les avant-gardes, n’ont rien perdu de leur force originelle.
En quoi consiste-t-elle ? Dans l’adoption de ce regard strabique que l’auteur – professeur en poste à l’Université de Bari, en Italie – évoque dès le titre et qu’il précise dans l’introduction. Car en définitive, c’est cette sorte de contrepoint caractérisant son activité critique – instinctif autant qu’organisé, selon son dire – qui l’aurait convaincu de republier ces textes. En reconnaissant la complexité de la réalité littéraire, en même temps que celle de l’Être, Pompili n’essaye pas de résoudre les contrastes singularisant les personnalités et les faits qu’il analyse. En mettant punctum contra punctum, en opposant sans cesse des données, des œuvres, des choix et des opinions qui ont pu marquer une époque et des esprits, il ouvre de larges perspectives à l’exégèse.
Pompili ne juge pas, il se livre à une analyse rigoureuse. Il décèle, dans l’œuvre, le mécanisme mental et littéraire, examine les relations qui unissent ou qui opposent des écrivains. C’est ce qu’il fait à propos de Drieu La Rochelle dont il retrace et précise l’évolution de ses rapports avec les surréalistes.
Au fil des pages, on ressent l’intérêt de Pompili pour le surréalisme qu’il essaye de découvrir et de comprendre toujours mieux par la variation des perspectives : Drieu La Rochelle qu’on vient de mentionner, mais aussi Aragon, Jacques Baron et enfin René Nelli. Sans oublier Lautréamont, ce poète reconnu par les surréalistes eux-mêmes comme l’un des précurseurs de leur mouvement.