Lettre à des morts, ou Sade dans la guerre mondiale
par Henri Béhar, le 18 juillet 2004
« Lettres à des morts ou Sade dans la guerre mondiale », dans : Gilbert Lely ou la Poésie dévorante, (E. Rubio éd.), L’Age d’Homme, 2007, pp. 197-208.
Voici tout d’abord l’appel et le programme du colloque organié par Emmanuel Rubio :
GILBERT LELY, LE CENTENAIRE (14-16 octobre 2004)
Colloque organisé par Emmanuel Rubio à la Maison de l’Amérique Latine et en Sorbonne, Centre de recherches sur le surréalisme (Paris 3 - CNRS, dir. Henri Béhar)
Dans le cadre des manifestations coordonnées par Marie-Françoise Lely
Gilbert Lely (1904-1985) restera comme un des grands poètes érotiques du XXe siècle, admiré d’André Breton, René Char ou Yves Bonnefoy. Eclairant de sa « lampe scabreuse » le surréalisme dans les années trente, au plus proche de René Char lors des années sombres de la guerre, l’auteur d’Arden (1933), de La Sylphide ou l’Etoile carnivore (1938) offre avec Ma Civilisation (1942) son recueil majeur qu’il ne cessera de retailler comme un joyau toujours à polir. Son œuvre protéiforme présente libres traductions poétiques (Les Métamorphoses (1930) ; La Folie Tristan, 1954), poèmes dramatiques (Solomonie la Possédée, 1979) ou recueils divers (L’Epouse infidèle, 1966). Elle sait allier à une flagrante modernité la reviviscence de l’antiquité ou l’étude du XVIIIe siècle, à la sombre beauté de ses proses l’humour réinventé de l’épigramme. Fin connaisseur de l’histoire de la médecine, qu’il illustre dans la revue Hippocrate, historiographe prenant la suite de Maurice Heine dans la mise au jour de l’œuvre de Sade, Gilbert Lely est également l’éditeur des œuvres complètes du divin marquis (1962-64), dont il publie en outre la correspondance inédite. Sa Vie du marquis de Sade (1952-57), sans cesse révisée au fil des ans, continue de faire autorité et s’est imposée comme un véritable monument littéraire. Unissant parfaitement lyrisme et rigueur historique, elle offre une poétique et une politique sadienne au plus loin des clichés, dont devaient hériter aussi bien Philippe Sollers que Pierre Guyotat.
Jeudi 14 octobre Maison de l’Amérique Latine (217, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris) Après-midi 14.00 Présentation du colloque 14.15 Jacques Henric : « Frère fulgurant, à nous ! » 15.00 Emmanuel Rubio : La dimension de l’impossible Pause 16.00 Jean-Louis Gabin : Le mystère de Notre Dame de Lumière 16.45 Yves Bonnefoy : Un poète
Vendredi 15 octobre Maison de l’Amérique Latine (217, boulevard Saint-Germain, 75007 Paris) Matin 9.00 Pierre Vilar : Le complexe du roi Marc 9.45 Marc Kober : Gilbert Lely et l’humour : du lyrisme ardent à la subversion poétique Pause 10.45 Patrick Amstutz : La latinité de Gilbert Lely 11.30 Jacques-Rémi Dahan : Biographie et poésie Après-midi 14.30 Michel Delon : De Maurice Heine à Gilbert Lely 15.15 Jean-Christophe Abramovici : Gilbert Lely lecteur de Sade Pause 16.15 Claudie Massaloux : Lely poète autorise Sade 17. 00 Marcelin Pleynet : Révolution et langage poétique
Samedi 16 octobre Sorbonne – Salle Bourjac (17, rue de la Sorbonne, 75005 Paris, Rez-de-chaussée) Matin 9.00 Stéphanie Caron : Gilbert Lely et le surréalisme 9.45 Laure Michel : René Char : le frère en poésie Pause 10.45 Michel Viegnes : L’expérience poétique de l’intensité chez Gilbert Lely 11.30 Jean Benoît : « Tout ce que signe Sade est amour » Après-midi 14.30 Henri Behar : Lettres à des morts ou Sade et la première guerre mondiale 15.15 Sarane Alexandrian : Gilbert Lely et les curiosités de l’histoire de la médecine 16.15 Jean-Clarence Lambert : Lecture de Ma Civilisation Entrée libre
Contact : emmanuel.rubio@libertysurf.fr Le colloque « Gilbert Lely le centenaire » s’inscrit dans l’ensemble des Manifestations du centenaire coordonnées par Marie-Françoise Lely, dont : Hommage à Gilbert Lely, 1904-1985 – Exposition, Bibliothèque nationale de France, Bibliothèque de l’Arsenal (1 rue de Sully, Paris 4e) du 18 octobre - 6 novembre 2004. Commissaire : Sabine Coron. Entrée libre tous les jours sauf dimanche et jours fériés de 12h à 18h. Gilbert Lely : écrire Sade – Revue parlée le 3 novembre 2004 au Centre Georges Pompidou. Directrice : Marianne Alphant.
Lettres à des morts ou Sade dans la guerre mondiale Essai d’analyse culturelle des textes, 2022, pp. 193-205. Collection : Théorie de la littérature, n° 24 Lettres à des morts ou Sade dans la guerre mondiale (classiques-garnier.com)
Prolongement : Les lettres publiées dans la revue Europe ont été republiées sous le titre Je t’embrasse pour la vie. Je t'embrasse, pour la vie : Lettres à des morts - Babelio
« Ces 26 lettres ont été expédiées au front pendant la Première Guerre mondiale et n'ont pu être remises à leurs destinataires. Chaque enveloppe portait au verso la mention " tué ", ou " disparu ". Une portait l'inscription " fusillé "." Mon petit Nono, C'est du bar du boul Mich' que je t'écris. Autour de moi, il y a la Mariette, Pauline, Margot et Nénette ; toutes les copines, quoi ! On s'ennuie pas mal de vous autres, tu sais... Ce n'est pas qu'on ne trouve pas à faire, parbleu ! Avec tout ce qui circule dans Panam, faudrait être rudement godiche, mais ça ne vaut pas nos petits michons chéris, avec qui qu'on rigolait tant qu'on passait sur tout le reste. À présent, on a tout le reste mais on rigole plus. Bon Dieu de bon Dieu, quand c'est-y que ça finira c'te guerre-là ? Paraît que l'Amérique va, décidément, se mettre avec nous. Si c'était vrai,ça ne pourrait tout de même pas durer longtemps ! »