Intellectuel surréaliste, Mélusine n° 12, 1991
par Henri Béhar, le 31 décembre 1991
PASSAGE EN REVUESIntellectuel surréaliste, Mélusine, n° XII, 1991, pp. 309-315
Intellectuel Surréaliste
Intellectuel surréaliste : l’alliance de mots paraît une incongruité, sinon une antinomie, tant le surréalisme s’est voulu hors de la sphère intellectuelle. On est, on devient surréaliste, un point c’est tout. Considérer le surréaliste comme un intellectuel, n’est-ce pas le réduire à une fonction cérébrale ou le ranger dans une catégorie d’individus propre à la France bourgeoise ?
Au demeurant, une telle distinction ne semble pas opératoire aux yeux des partisans de la sociologie littéraire institutionnelle, qui s’en tiennent aux traditionnelles catégories socio-professionnelles pour analyser les origines familiales ou la situation personnelle des membres du Mouvement surréaliste1. Globalement, on évoque l’appartenance de leur famille à la “ petite bourgeoisie ”, quand ce n’est pas la “ bourgeoisie ”. Pour eux-mêmes, on les classe, selon leur activité dominante, parmi les artistes, les peintres, les écrivains, les poètes, faute de pouvoir préciser le métier qui, par ailleurs, leur procurait des revenus plus ou moins réguliers. A quelques nuances près, cependant. Analysant, dans sa thèse, l’impact du pamphlet de 1924, Un cadavre, dirigé contre Anatole France, Norbert Bandier souligne le clivage provoqué entre les “ lettrés ” et les “ intellectuels révolutionnaires ” (p. 173). A l’occasion de ce premier éclat public, constitutif du Mouvement, pour ainsi dire, se cristalliserait cette stratégie de conquête du pouvoir symbolique consistant à éliminer les anciens modèles et les concurrents pour imposer un programme nouveau, s’ouvrant vers un public différent. En bonne logique, celui-ci est “ formé par les “ intellectuels révolutionnaires ” ”, et, conclut Bandier au terme d’une étude qui le conduit jusqu’à la publication du Second Manifeste du surréalisme : “ le modèle du “ lettré ” tend à s’effacer devant le modèle de l’“ intellectuel ” (p. 553). Je doute, pour ma part, que le lectorat, et qui plus est, le public des surréalistes, soit aussi orienté vers le changement de régime que le prétend notre jeune chercheur. Il ne m’est pas possible, dans le cadre de cet article, de discuter chacun des points d’une démonstration fort riche et nuancée, s’appuyant sur une documentation souvent de première main. L’important est de retenir la trajectoire qui, de 1924 à 1929, révèle l’émergence du concept d’intellectuel au sein du groupe surréaliste.
Or, ce concept, nous avons un moyen irréfutable d’en relever la trace : c’est le repérage du mot, fourni par l’ordinateur, pourvu que les textes concernés aient été “ saisis ”, autrement dit mis en machine. Dans un article d’une fulgurante concision, Jean-Luc Rispail, s’aidant des sorties informatiques du Surréalisme au Service de la Révolution élaborées par l’unité “ Lexicologie et terminologie littéraires contemporaines ” (I.Na.L.F-C.N.R.S.), caractérise clairement l’usage que font du vocable, sous toutes ses formes, les collaborateurs de cette revue, partagés entre leur désir de servir la classe ouvrière et celui de maintenir
“ au sein du mouvement marxiste le rôle expérimentateur qui fait la spécificité de l’activité surréaliste, en remettant en cause les cadres mêmes à l’intérieur desquels celui-ci tente de les enfermer (écrivains, artistes, poètes, etc.) ”2.
Mais Rispail fait plus : il nous livre, avec le mode d’emploi, les “contextes”, c’est-à-dire chacune des phrases où le terme “ intellectuel(s) ” est employé, invitant le lecteur à poursuivre lui-même l’analyse et à gloser s’il le désire.
De fait, André Breton n’emploie guère le substantif “ intellectuel” dans ses propres textes (aucune occurrence dans le Manifeste du surréalisme), et s’il le fait, ce n’est pas sans réserves, avec le souci de lui donner une valeur spécifique, comme, d’ailleurs, pour l’ensemble du vocabulaire. Quand il reprend, en usant de guillemets, l’opposition traditionnelle entre “ manuels ” et “ intellectuels ” , dans l’article “ La dernière grève ” (La Révolution surréaliste n°2, 15 janvier 1925), c’est bien contre son gré, pour se faire mieux comprendre de ses lecteurs et dépeindre la situation présente, qu’il ne demande qu’à bouleverser au nom de son “ attachement absolu au principe de la liberté humaine ”3. Son rapprochement temporaire avec le parti communiste l’entraîne, me semble-t-il, à user d’un vocabulaire nettement marqué, non sans réserves :
“ J’accepte, cependant, que par suite d’une méprise, rien de plus, on m’ait pris dans le parti communiste pour un des intellectuels les plus indésirables ”
concède-t-il dans le Second Manifeste du surréalisme, mais c’est pour dénoncer ses anciens compagnons, ceux “ dont les déterminations morales sont plus que sujettes à caution ” qui, faute de mieux, se rabattent sur l’agitation révolutionnaire, après avoir échoué ailleurs. Dans la mesure où les surréalistes se considèrent comme de véritables révolutionnaires, traîtres à leur classe d’origine, pour employer le jargon d’époque, il va de soi qu’ils puissent être qualifiés d’intellectuels. Etiquette qu’ils revendiquent même dans leur célèbre télégramme au Bureau International de Littérature révolutionnaire ouvrant le premier numéro du S.A.S.D.L.R., par lequel ils se déclarent prêts à suivre l’attitude du Parti Communiste français dans le cas où l’impérialisme engagerait la guerre contre le régime soviétique, ajoutant : “ si estimiez en pareil cas un meilleur emploi possible de nos facultés sommes à votre disposition pour mission précise exigeant tout autre usage de nous en tant qu’intellectuels ”.
Dans ces conditions, il n’est pas étonnant que ce soient les deux surréalistes présents au Congrès de Kharkov, Aragon et Sadoul, qui emploient le plus le substantif “ intellectuels ”, avec une coloration positive, dans les textes où ils pensaient défendre leur mouvement contre les jugements à l’emporte-pièce des écrivains prolétariens. De même, Pierre Unik, Benjamin Péret et Paul Eluard, René Crevel prennent la défense des “ intellectuels ” indochinois et yougoslaves emprisonnés.
Il n’en demeure pas moins que, statistiquement, le terme, employé au singulier ou au pluriel, revêt une valeur nettement péjorative sous la plume des collaborateurs de cette revue lorsqu’ils désignent ainsi leurs adversaires, les intellectuels français bourgeois, de gauche voire communisants ou “ à tendances révolutionnaires ”, quand ce ne sont pas les intellectuels castillans et catalans contre lesquels Salvador Dali se déchaîne avec une verve paroxystique.
En somme, même s’ils acceptent d’être pris pour des intellectuels, lorsqu’ils débattent du devenir révolutionnaire, les surréalistes n’aiment guère ce mot pour eux-mêmes, lui préférant des vocables plus adaptés à leur pratique quotidienne, comme le montrait la brève étude de Thierry Aubert en 1988, étendant son analyse du même terme dans le même corpus à des synonymes (ou presque) :
“ Le poète est aux intellectuels ce que le militant communiste est au prolétariat. Finalement, la spécificité de l’intellectuel surréaliste, cette particularité dont se réclamait Breton, est sa situation poétique ”4.
Est-ce à dire que, refusant pratiquement de s’auto-désigner comme intellectuel, si ce n’est durant son compagnonnage communiste, le surréaliste doit être exclu de cette catégorie dont tout le monde reconnaît l’existence depuis l’Affaire Dreyfus, même si l’on se garde d’en donner une définition ? Ici, l’historien des passions françaises, pour ne pas dire des mouvements d’opinion politique nous est d’un grand secours, dans la mesure où il n’a pas cherché à distinguer, a priori, le rôle de chaque groupe. En étudiant un vaste corpus de manifestes et de pétitions, moyen d’expression caractéristique des intellectuels français au XXème siècle, Jean-François Sirinelli montre bien la place qu’y tiennent les surréalistes, parmi d’autres5.
Cela commence par la pétition en faveur d’André Malraux emprisonné en Indochine, signée conjointement par le groupe de la Nouvelle Revue Française et les surréalistes, le 6 septembre 1924, d’ailleurs précédée d’un très sensible plaidoyer d’André Breton publié dans les mêmes Nouvelles littéraires trois semaines auparavant. Cela se poursuit par l’appel “ Les travailleurs intellectuels au côté du prolétariat contre la guerre du Maroc ”, texte d’Henri Barbusse publié par L’Humanité du 2 juillet 1925, contresigné par la rédaction de Clarté, l’ensemble du groupe surréaliste et du groupe Philosophies, scellant l’union de ces trois mouvements et marquant, si l’on peut dire, l’entrée en politique des surréalistes se déterminant contre la guerre du Rif. Puis c’est l’“ Appel à la lutte ” lancé par André Breton au lendemain du 6 février 1934, prônant “ l’unité d’action de la classe ouvrière ” , recueillant près de 90 signatures lors de sa publication dans Le Populaire, anticipant l’union des antifascistes et brûlant la politesse à l’Association des Ecrivains et Artistes Révolutionnaires sur son propre terrain. Même s’il convient, comme l’indique Sirinelli, de relativiser la portée de cet appel, et surtout de le mettre en relation avec d’autres textes comme le manifeste “ Aux travailleurs ” lancé par le Comité de Vigilance des Intellectuels Antifascistes, et d’ailleurs signé par Breton et Crevel, il n’en marque pas moins la détermination du surréalisme dans le combat contre la bête immonde. De même qu’avec les paci-fistes il proclamera son “ Refus de penser en chœur ” après l’Anschluss, s’opposant ainsi à l’initiative œcuménique du parti communiste.
A la Libération, on s’en doute, les surréalistes ne figurent pas parmi les membres du Comité National des Ecrivains. Ils n’ont pas à prendre parti dans les débats qui l’animent au sujet des listes d’écrivains compromis dans la collaboration. Mais, le 29 mars 1947, Breton ne peut refuser sa signature pour une pétition de Sartre en faveur de Paul Nizan calomnié par Aragon et Henri Lefebvre. Durant ce que Sirinelli nomme “ l’âge d’or des intellectuels communistes ”, il est clair que le surréalisme n’a guère le moyen d’investir la une des journaux. Pourtant, son activité au sein des mouvements intellectuels se fera sentir, plus ou moins discrètement, lors de la fondation, en novembre 1955, du Comité d’action contre la poursuite de la guerre en Afrique du Nord. Elle éclatera (non pas au grand jour, compte tenu des circonstances, mais du moins assez clairement pour que nul n’en ignore aujourd’hui) quelques années après, en septembre-octobre 1960, avec la “ Déclaration sur le droit à l’insoumission dans la guerre d’Algérie ”, autrement dit le Manifeste des 121, du nombre de ses premiers signataires, parmi lesquels les membres du groupe surréaliste, dont on sait qu’il fut à l’origine du texte en la personne de Dionys Mascolo et de Jean Schuster. Pour élargir l’audience de cette proclamation, et par souci tactique, les surréalistes se mirent en retrait. Paradoxalement, alors que le parti communiste, leur vieil adversaire, commençait, pour la première fois, à perdre de son audience à cette occasion, ils cessèrent pratiquement de signer des appels collectifs avec d’autres intellectuels.
Méfiance envers ceux que naguère ils traitaient durement, repli sur soi ? L’important est d’observer que, s’ils ont pris l’initiative à plusieurs dates marquantes de l’histoire, rameutant leurs semblables pour des actions d’envergure, les surréalistes n’ont donné leur signature qu’avec parcimonie, se refusant, pratiquement depuis 1935, à apposer leur nom à côté de celui des communistes, même au sujet de la guerre d’Espagne. De même, s’ils ne font pas écho aux positions de la gauche lors de Munich, c’est qu’ils ne souscrivent pas au pacifisme militant tel que le prônent Alain, Félicien Challaye, Jean Giono.
Le parcours historique de Jean-François Sirinelli prouve, s’il en était besoin, que les surréalistes se sont effectivement comportés en intellectuels, durant la période considérée, usant de la pétition et du manifeste, relayés par la presse, quand le besoin s’en faisait sentir, n’hésitant pas à promouvoir l’alliance la plus large dans les circonstances les plus importantes. Mais on peut aller plus loin dans cette voie et considérer que le groupe surréaliste, dans sa réalité mouvante, s’est posé, globalement, comme une formation autonome d’intellectuels de gauche, différente des groupes organisés politiquement, s’exprimant au moyen de tracts et déclarations collectives, naguère réunis et commentés par José Pierre6. De fait, ces moyens assurent son homogénéité et sa spécificité, quels qu’en soient le mode de diffusion et les destinataires. En tant qu’intellectuels, les surréalistes interviennent, simultanément, dans le champ politique, comme on vient de le voir, mais aussi dans le champ socio-culturel et encore plus particulièrement dans le débat interne, contribuant à la définition et à l’évolution de leur mouvement.
Dès l’origine, se posant en intellectuels à tendance révolutionnaire, ils affirment leur internationalisme et lancent des manifestes en faveur de leurs homologues polonais (8 août 1925), roumains (28 août 1925), hongrois (17 octobre 1925), chinois (23 novembre 1931). C’est ensuite l’Espagne républicaine qui requiert leur attention, en 1931 comme en juillet 1936, et la Catalogne sous le régime franquiste. Puis à nouveau la Hongrie, devenue la proie des chars soviétiques (“ Hongrie soleil levant ” , novembre 1956) et encore la Pologne (4 juin 1959) dont ils saluent la résistance au stalinisme, marquant ainsi qu’il n’y avait chez eux aucune solution de continuité depuis leur défense de Trotsky (“ La Planète sans visa ”, 24 avril 1935) et leur défiance envers Staline au Congrès des Ecrivains d’août 1935 jusqu’à leurs multiples mises en garde lors des Procès de Moscou. Cette position est rappelée avec vigueur dans le tract “ Autour des livrées sanglantes ” (12 avril 1956), au moment où le rapport Khrouchtchev établit les crimes de Staline.
Le combat anti-colonialiste, à partir de la guerre du Rif, les montre vigilants sur l’Indochine dès le mois d’avril 1947 (“ Liberté est un mot vietnamien ”), comme, on vient de le rappeler, sur l’Algérie depuis 1955 jusqu’aux accords d’Evian.
Sur le plan de la politique intérieure française, ils semblent moins diserts, se désintéressant des jeux parlementaires, dès lors qu’ils ont appelé à “ La Révolution d’abord et toujours ” (21 septembre 1925). Ce qui ne les a pas empêchés d’intervenir auprès de leurs pairs lors des grandes crises, jusqu’à se mettre au service de la jeunesse révoltée en mai 1968 (“ Pas de Pasteurs pour cette Rage ”).
Dans le domaine socio-culturel, les surréalistes prennent la défense de ceux qu’ils revendiquent comme leurs précurseurs : Lautréamont (1er mars 1922, avril 1927, 15 décembre 1967), Jarry (1922, 1937), Rimbaud (22 août 1924, 23 octobre 1927). Ou encore leurs compagnons sur la voie de la libération artistique : Reverdy (26 mai 1924), Picasso (18 juin 1924), Saint-Pol-Roux (9 mai 1925), y compris leurs propres camarades, comme les auteurs de L’Age d’or attaqués par les ligues bien-pensantes (novembre 1930). Ils ne se privent pas d’attaque les fausses gloires, tel Anatole France (Un cadavre, octobre 1924), leurs détracteurs, comme Paul Claudel (1er juillet 1925), défendant au contraire Charlie Chaplin (“ Hands off love ”, octobre 1927), Freud (mars 1938), la meurtrière d’un Camelot du Roy, des jeunes filles injustement condamnées par la société (Violette Nozières, Pauline Dubuisson), sans parler des numéros de La Révolution surréaliste dirigés contre toutes les entraves sociales. Sur un plan plus artistique, ils luttent contre le nationalisme dans l’art en 1939, contre le misérabilisme dans les années cinquante.
Toujours sur le qui-vive, ils se voient tenus d’expliquer leur position pour eux-mêmes (Déclaration du 27 janvier 1925) et pour ceux qui voudraient les assimiler à une simple école artistique (“ Les Intellectuels et la révolution ”, 8 novembre 1925), refusant l’intégration pure et simple au parti communiste (“ Au grand jour ”, mai 1927), comme la dispersion artistique (“ A suivre… ”, juin 1929). Il serait fastidieux d’énumérer, ici, tous les communiqués et déclarations relatifs aux exclusions, aux mises en garde aussi bien qu’aux réintégrations des membres du groupe surréaliste. Une critique superficielle en a fait des gorges chaudes, sans comprendre en quoi de telles proclamations étaient consubstantielles à ce groupement intellectuel, constamment appelé à se protéger de ses alliés avides de les annexer ou même de ses adversaires trop enclins à les neutraliser. Le phénomène nouveau, à cet égard, est la très grande attention portée par un certain public, amateur de ce genre de règlements de compte, à ce qui, dans les partis politiques, relève de la commission des conflits. Mais c’est justement parce qu’il n’est pas organisé comme une formation partisane que le surréalisme agit ainsi au grand jour, rappelant constamment des principes, non consignés dans une charte fondamentale. Outre les Manifestes d’André Breton, des textes comme “ Rupture inaugurale ” (21 juin 1947), “ A la niche les glapisseurs de Dieu”(14 juin 1948), “ Haute fréquence ” (24 mai 1951), “ Pour un demain joueur ” (1967) peuvent en tenir lieu.
Replacées dans le contexte, ces modalités
que l’on a cru propres au tempérament surréaliste apparaissent en fait comme l’attitude exacerbée d’intellectuels soucieux de transformer leurs paroles en actes, d’entraîner le plus grand nombre à leur suite. Qu’ils n’y soient parvenus que très partiellement et très épisodiquement est un autre problème. La légitimation sociale du surréalisme relève de processus bien particuliers, encore peu étudiés, qui n’ont rien à voir avec les mécanismes habituels relevant des lois du marché, des instances étatiques ni même de la compétence reconnue par les pairs. Le fait est que les surréalistes font partie de ces intellectuels qui ont forgé le paysage spirituel de la France pendant un demi-siècle, quand bien-même ils se glorifiaient de la trahison des clercs.
Henri BEHAR
Compléments
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Compte rendu Fabula :<<<<<<<<<<<<<<: Intellectuel surréaliste, M. Vassevière (éd) (fabula.org)
Pour mémoire
Programme du séminaire 2004-2005
Figures du surréaliste en intellectuel après 1945
GDR 2223 CNRS. Directeur : Henri BEHAR
12 novembre 04 17h-19h, s. 410
Nathalie LIMAT-LETELLIER– Maryse VASSEVIÈRE : Introduction du séminaire : problématique et contextualisation
10 décembre 04 17h-19h, s. 410
Henri BÉHAR : Le droit à l’insoumission : les surréalistes et la Guerre d’Algérie
14 janvier 05 17h-19h s. 410
Marie-Christine LALA : La dimension intellectuelle de Georges Bataille après 1945
11 février 05 16h-18h s. 410
Sophie LECLERCQ : Le discours sur l’Autre et la nouvelle légitimité de l’intellectuel surréaliste après 1945
11 mars 05 16h-18h s. 410
Carole REYNAUD-PALIGOT : Les surréalistes et le mouvement libertaire après 1945
8 avril 05 16h-18h s. 410
Pierre VILAR : Leiris, intellectuel à la corne de taureau
Les séances auront lieu à l’Université Paris 3-Sorbonne Nouvelle, Centre Censier, 13 rue de Santeuil, 75005 Paris (Métro Censier-Daubenton), salle 410 (4ème étage) les vendredis de 17h à 19h au premier semestre et de 16h à 18h au deuxième semestre.
Prolongements : Voir aussi, plus récemment : Histoire du surréalisme ignoré (1945-1969) Du Déshonneur des poètes au « surréalisme éternel » Anne Foucault
Présentation
L’activité surréaliste parisienne entre 1946 et 1969 est encore mal connue et relativement dévaluée en comparaison de la période de l’entre-deux guerres. Partant d’une approche résolument collective, cet ouvrage entreprend de comprendre et critiquer cette dévalorisation. Confronté aux premières entreprises historiographiques qui participent à l’institutionnalisation de son passé et de son héritage, le surréalisme parvient à inventer des voies neuves sur le plan plastique, en particulier autour de l’automatisme (Simon Hantaï, Adrien Dax), de l’objet (Hervé Télémaque, Konrad Klapheck), de la théorisation et de la pratique d’un art magique (Jean Benoît, Jorge Camacho). Sur le plan politique, cette même approche collective permet de percevoir qu’après une période d’isolement jusqu’au mitan des années 1950, les valeurs défendues par les surréalistes connaissent à la faveur de la déstalinisation et des luttes de décolonisation une reconnaissance dans les milieux intellectuels. Commence alors pour le groupe une série de collaborations dont les enjeux et les difficultés permettent de mieux comprendre ce qui put conduire à l’auto-dissolution du groupe peu de temps après Mai 68.
1 Voir : Jean-Pierre Bertrand, Jacques Dubois, Pascal Durand : “ Approche institutionnelle du premier surréalisme (1919-1924) ”, Pratiques, n°38, juin 1983, pp. 27-53 ; ainsi que la thèse de Norbert Bandier : Analyse sociologique du groupe surréaliste français et de sa production de 1924 à 1929, Université de Lyon II, 1988, 591 p. dactyl. plus annexes.
2 Jean-Luc Rispail : “ Contextes surréalistes d’Intellectuel(s) 1924-1933 ”, p. 62, dans l’ouvrage collectif dirigé par D. Bonnaud-Lamotte et lui-même : Intellectuel(s) des années trente entre le rêve et l’action, Editions du CNRS, 1989, 280 p. ill.
3 Référence signalée, avec erreur de pagination et mastic dans la citation, par Edouard Béguin dans l’article “ Intellectuel(s) chez Aragon ”, ibid, p.106.
4 Thierry Aubert : “ L’intellectuel surréaliste dans le SASDLR ”, travail de D.E.A. publié dans notre brochure de cours L’Ordinateur au service de la littérature, Université Paris III, 1988, p.95.
5 Jean-François Sirinelli : Intellectuels et passions françaises –Manifestes et pétitions au XXe siècle, Fayard, 1990, 365 p.
6 José Pierre : Tracts surréalistes et déclarations collectives 1922-1969, Le Terrain vague, 2 vol. 1980-1982.